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fin, un fait étonne : la faible proportion des femmes et des enfans. De 1845 à 1850, dans la province de Wellington, pour cent hommes, on ne trouve que soixante-dix femmes et une cinquantaine d’enfans. À cette époque, dans les provinces de Wellington et d’Auckland, on s’assure que la diminution des Maoris est de 4 pour 100 chaque année. Les aborigènes de la Nouvelle-Zélande, toujours davantage refoulés vers l’intérieur du pays et ainsi privés des ressources de la mer, devaient être très atteints dans leurs moyens d’existence.

La compagnie territoriale, qui s’était montrée trop conquérante lorsqu’elle fonda la colonie de Wellington, subit bientôt de graves dommages. Les pouvoirs publics portant la main sur les propriétés bien ou mal acquises, elle traversa des années malheureuses. Comme on répétait que des colons s’étaient vus dépouillés de terres qu’ils avaient achetées, les nouveaux émigrans préféraient aller dresser leur tente sur un sol moins mouvant. Le colonel Wakefield était mort, M. Fox l’avait remplacé, les affaires demeurèrent peu florissantes ; elles furent tout à fait abandonnées en 1850. Des désastres pouvaient survenir ; le flot de l’immigration ne cessait de monter, la fortune de la grande colonie n’était plus en question.

En 1853, une constitution fut donnée à la Nouvelle-Zélande. Elle avait été préparée l’année précédente dans le parlement britannique sur le modèle de la constitution du royaume. Le gouverneur représente le souverain ; il y a un conseil législatif qui est la chambre haute, une chambre des représentans qui répond à la chambre des communes ; enfin des ministres responsables. Chaque province indépendamment eut son assemblée particulière, pouvant voter certaines lois et disposer dans une large mesure de ses revenus. On reconnaissait alors six provinces : Auckland, New-Plymouth, qui bientôt prendra des indigènes le nom de Taranaki, et Wellington dans l’île du Nord ; Nelson, Canterbury et Otago dans l’île du Sud. Un peu plus tard, la province de Hauke, tirant son nom de celui de la baie[1] avec la ville de Napier pour centre principal, sera séparée de Wellington ; la province de Marlborough, au nord-est de l’île du Sud, sera détachée de Nelson ; enfin la région triste, presque désolée, longtemps inhabitée, qui occupe l’extrémité méridionale et occidentale de l’île du Sud, est devenue la province de Sowtland. En cette partie de la Nouvelle-Zélande, il n’existe aucun port ; même à l’embouchure, les rivières ne sont pas accessibles aux navires et l’on cite les naufrages survenus à des capitaines trop entreprenans. C’est le pays des champs aurifères, dont la capitale est Invercargill. Pendant la belle saison, des groupes de mineurs sans habitations fixes cherchent le précieux métal dans le sable du bord de la mer,

  1. Hauke’s-Bay fur la côte orientale.