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la ville qui doit porter le nom de Wellington. Le port est un lac salé n’ayant guère moins de 6 milles de diamètre. Vers le nord s’étend la vallée de la Hutt, énorme espace de terrain fertile; au nord-ouest, entre les montagnes et la mer, c’est un sol à peine accidenté jusqu’au voisinage du mont Taranaki, où dans un avenir prochain s’élèvera la ville de New-Plymouth; enfin sur la côte orientale, près du cap Palliser est la belle plaine de la Waïrarapa. Les insulaires accueillent à merveille les étrangers. « Nous vendrons, dirent-ils, notre port et notre territoire, et nous vivrons en paix avec les hommes blancs qui viennent à nous. » Le colonel Wakefield profita largement de la facilité qui lui était offerte. Il se rend à l’île du Sud, à la baie Nuageuse, dans le dessein d’acquérir de nouveaux domaines ; mais ici les aborigènes ne se montrent point aussi traitables que ceux du port Nicholson. Un capitaine baleinier revendiquait la propriété d’une baie et de la vallée de la Waïrau, concédées par deux chefs maoris : Rauparaha et Rangihœata, qui ne tarderont pas à beaucoup préoccuper les colons; ce n’était en aucune façon la plus grosse difficulté pour l’agent de la compagnie. Le vieux Rauparaha, durant de longues années, avait entretenu des guerres contre les gens de sa race qui habitaient la région occidentale de l’île du Nord ; il avait passé le détroit afin d’exterminer des tribus paisibles de l’Ile du Sud. On le citait pour sa déloyauté et pour des actes d’une abominable férocité; on parlait avec horreur d’un de ses exploits. Comme il voulait aller exercer une vengeance dans un district de la côte orientale, le capitaine d’un bâtiment de commerce de Sidney, du nom de Stewart, pour l’appât d’un chargement de filasse de phormium, avait consenti à le transporter avec une centaine d’hommes ; — il y eut un affreux massacre et sur le vaisseau même des scènes horribles. Le colonel Wakefield parvint à séduire Rauparaha, Rangihœata et d’autres chefs; il eut les terres qu’il convoitait. Lorsque les émigrans arrivèrent au port Nicholson, dans les mois de janvier et de février 1840, le colonel Wakefield se vantait d’avoir acheté, moyennant des fusils, de la poudre et des balles, des haches et des couteaux, des miroirs et des mouchoirs de poche, une étendue de pays assez grande pour constituer un royaume. Peut-être la compagnie de la Nouvelle-Zélande trouvait-elle qu’on avait été généreux ; suivant une certaine théorie, on suppose que, les aborigènes ne possédant rien, on ne saurait rien leur prendre. Au début, on avait trouvé les Maoris favorables aux Européens; le désir de tout accaparer allait susciter des guerres longues et désastreuses.


III.

Tandis qu’à Londres s’organise péniblement la compagnie territoriale de la Nouvelle-Zélande, commence une agitation d’un