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très lourde dans le présent; mais l’avenir, et un avenir assez prochain, bénéficiera de ces sacrifices. Le budget de 1881 contient pour l’intérêt et l’amortissement de cette catégorie de dettes un crédit de 133 millions et demi ; cette dépense descendra à 108 millions en 1882, à 106 millions en 1883 et à 89 millions en 1884. D’un autre côté, il est vrai, la dette perpétuelle s’accroîtra des rentes qu’il faudra émettre pour les travaux publics ; mais, toute compensation faite, le budget se trouvera allégé, à la fin de cette période, d’une charge annuelle de 27 millions. Cet amortissement serait singulièrement accéléré si, par un effort de sagesse et d’économie bien entendues, on avait le courage de restreindre les dépenses de façon que l’excèdent des recettes ordinaires alimentât le budget extraordinaire sans aucun recours à des aliénations de rentes. L’Italie verrait alors son crédit s’élever rapidement au niveau de celui des états les plus riches et les mieux administrés. Les produits croissans des chemins de fer et le développement de toutes les branches du revenu permettraient d’accomplir toutes les réformes financières propres à soulager les contribuables. Que ce soit là la pensée et l’ardent désir du ministre actuel des finances, c’est ce que l’on peut conclure des sages et patriotiques paroles par lesquelles il terminait, le 3 avril 1881, son exposé de la situation financière. « Nous avons, disait-il, parcouru un chemin long et pénible, mais il faut nous proposer encore un but plus noble et plus élevé. Nous l’atteindrons si nos efforts sont persévérans et énergiques, si, lorsqu’au milieu des luttes quotidiennes nous serons pris de défaillance, le saint amour de la patrie nous inspire une force et une vigueur nouvelles. Le progrès économique n’est pas seulement la véritable base de la prospérité financière, mais, en satisfaisant aux exigences de la justice sociale, il est aussi le rempart le plus solide et le plus inexpugnable contre les théories malsaines et contre les aspirations et les tendances contraires à la liberté, à la civilisation, à la science. C’est ce progrès qui doit être désormais le but de nos efforts. »

Après les progrès de toute nature que l’Italie a accomplis, le crédit de ce pays n’est plus aujourd’hui qu’une question de bonne conduite. Les hommes que la dernière crise ministérielle a amenés au pouvoir sont des esprits sages et pratiques, désireux de donner le pas aux affaires sur la politique : par malheur, tout le monde dans le parlement et surtout dans la presse, ne professe pas des sentimens aussi raisonnables. On ne sait quel besoin d’agitation et quelle susceptibilité maladive se sont emparés de certains esprits. Lors de la conclusion de l’emprunt, certaines feuilles italiennes ont eu l’idée bizarre d’imprimer que l’Italie venait de reconquérir son