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tirait de ces calculs cette conclusion, qui avait toutes les apparences d’un paradoxe, que l’abolition du cours forcé s’alimenterait elle-même et couvrirait, par les économies qui en découleraient, les frais de sa réalisation.

On ne peut contester que cette combinaison ne fût fort ingénieuse et ne fit honneur à la fertilité d’esprit du ministre ; bien que l’économie qu’on réalisait sur le service des pensions dût disparaître en grande partie au bout d’un certain nombre d’années, elle n’en permettait pas moins pour le présent de faire face au service d’un gros emprunt sans ajouter aux charges des contribuables. En mai 1879, M. Magliani était contraint d’admettre que le budget de 1881 se réglerait par un déficit qu’il évaluait à 4 millions 1/2 et il comptait, pour couvrir ce déficit, sur l’excédent de recettes que donnerait l’exercice 1882. Dix-huit mois plus tard, la situation s’était suffisamment améliorée pour qu’il présentât le budget de première prévision avec un excédent de recettes présumé de 12,615,000 francs. Le gouvernement et la chambre y introduisirent diverses augmentations de crédits qui s’élevèrent ensemble après de 15 millions 1/2. Néanmoins, le budget définitif fut voté au mois de juillet à raison de 1,434,522,357 francs pour les recettes et de 1,426,711,988 francs pour les dépenses, soit avec un excédent de recettes de 7,810,000 fr. Bien qu’on eût fait face aux augmentations de crédits par un supplément de recettes, la commission des finances crut devoir formuler dans son rapport cette sage réserve : « En présence des obligations assumées par le gouvernement et par le parlement, et des deux importantes réformes qui viennent d’être adoptées, l’abolition totale du droit sur la mouture et la suppression du cours forcé, la commission a le devoir de rappeler au ministère et à la chambre que la plus grande circonspection dans le vote des dépenses est un élément indispensable pour affermir le crédit de l’état et assurer le succès des réformes entreprises. » Cette réflexion suffit à montrer quelle place le maintien de l’équilibre budgétaire tient, en Italie, dans les préoccupations du gouvernement et des chambres.

Le résultat auquel on arrivait pour 1881 était d’autant plus remarquable que le ministre avait maintenu ses évaluations de recettes au-dessous des produits réalisés pendant l’année précédente et qu’indépendamment des larges augmentations de crédits accordées à la plupart des services publics et surtout à la guerre et à la marine, l’exercice 1881 devait faire face, pour les dettes amortissables qui arrivaient à échéance, à 26 millions de plus que l’exercice précédent. Le progrès du revenu public permettait au budget de supporter ce surcroît de charges. Le produit des taxes ou des surtaxes établies pour compenser la perte à subir sur l’impôt de la mouture avait