Page:Revue des Deux Mondes - 1882 - tome 49.djvu/108

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

neufs et à la construction des chemins de fer ; mais les charges du budget n’en ont point été sensiblement accrues, à cause de l’importance des amortissemens qui s’effectuent chaque année sur les dettes antérieures et compensent les créations de dettes nouvelles.


II.

La question des chemins de fer résolue par un expédient qui peut donner prise à la critique, mais qui paraîtra bien timide en face des plans de M. de Freycinet et de nos énormes émissions de rentes amortissables, le gouvernement italien put s’occuper de l’abolition du droit sur la mouture. La situation financière s’améliorait lentement, mais d’une façon continue. En 1876, les recettes ordinaires avaient dépassé les dépenses ordinaires de 79,932,000 livres, ce qui avait permis de couvrir le déficit de 59,486,000 présenté par le budget extraordinaire, en laissant un excédent définitif de 20,446,000 livres, qui fut appliqué à la construction des chemins de fer. L’exercice 1877, bien qu’ayant à faire face à un accroissement notable de dépenses tant ordinaires qu’extraordinaires pour l’armée, donna un excédent de 23 millions, sur lesquels 10 furent appliqués à éteindre des dettes qui auraient dû être acquittées par des aliénations de biens domaniaux, et 13 furent affectés aux travaux de chemins de fer. Enfin 1878 donna un excédent des recettes ordinaires sur les dépenses ordinaires de 102,496,000 livres qui couvrit le déficit de 87,950,000 présenté par le budget extraordinaire, en laissant un excédent définitif de 14,546,000 livres qui fut employé partie en amortissemens, partie en travaux, et partie à compenser des créances douteuses ou irrécouvrables, qu’on fit disparaître de l’actif du trésor.

On remarquera le progrès constant qu’accusent les recettes ordinaires, tandis que les dépenses ordinaires sont maintenues stationnaires. Ce progrès était dû, pour la plus grande part, aux sacrifices que le gouvernement avait le courage de demander au pays pour relever la fortune publique et que le patriotisme des chambres savait accepter. L’importance du but à atteindre était si manifeste qu’elle imposait silence à l’esprit de parti. Les adversaires des ministres ne cherchaient point à acquérir, en combattant les projets d’impôts, une popularité de mauvais aloi. Un tel désintéressement est assez rare pour qu’on ne marchande pas aux hommes d’état italiens les louanges que mérite leur conduite. Quelques chiffres, donneront une idée des charges nouvelles imposées à la nation italienne. Une loi du 6 janvier 1877 ordonna un recensement général