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membres des congrégations dépossédées. Il faut, tous les ans, prélever sur les fonds du budget plusieurs millions pour combler les déficits de l’administration des cultes et de l’asse ecclesiastico. L’extinction des pensions à servir allégera ce fardeau, et s’il est mis un terme aux aliénations qui se poursuivent, l’état se trouvera un jour en possession non-seulement de trésors artistiques d’un prix inestimable, mais d’un domaine public assez important ; mais pendant bien des années encore, la désamortisation n’aura eu d’autres conséquences financières que d’ajouter aux charges du budget.

Malgré cet échec, juste châtiment d’un acte aussi contraire à la bonne politique qu’à l’équité, les efforts du gouvernement italien pour restreindre les dépenses et pour accroître les recettes publiques ne demeurèrent pas sans résultat. Les impôts de consommation sont, de la part de certains économistes, l’objet de critiques spécieuses, mais l’expérience a toujours démontré que, malgré les objections qu’ils peuvent soulever, ils sont les seuls dont la productivité soit assurée et dont la progression ne s’arrête pas. Les finances italiennes en ont fourni une nouvelle preuve. Si lourdes que fussent les taxes qui grevaient l’alimentation populaire, leur produit ne cessa de s’accroître régulièrement; l’ingénieuse fécondité des ministres des finances découvrait tous les ans quelque impôt nouveau qui atteignait quelqu’une des branches de l’activité nationale sans ajouter sensiblement au revenu public, mais que le patriotisme des chambres n’hésitait pas à adopter, tant était impérieuse, aux yeux de tous les esprits, la nécessité de sortir de l’abîme financier dans lequel la jeune monarchie menaçait de disparaître. Il serait superflu de faire la critique soit de la nature de quelques-uns de ces impôts, soit de leur assiette ; tous avaient la meilleure des justifications : la nécessité. Le parlement se préoccupait en même temps d’introduire l’ordre dans les finances et de soumettre la gestion des deniers publics aux règles d’une comptabilité sévère : ce fut l’objet de la loi de 1809 sur la comptabilité générale dont les traits principaux ont été indiqués plus haut. La progression constante des recettes en présence de dépenses qui demeuraient presque stationnaires devait avoir pour conséquence de conduire au rétablissement de l’équilibre budgétaire. Ce rétablissement fut l’œuvre des cinq années qui suivirent l’occupation de Rome et la fin de la période d’agrandissement.

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Recettes Dépenses Déficit
1871 966,936,127 1,040,948,450 74,012,322
1872 1,014,039,216 1,097,618,432 83,579,215
1873 1,047,240,357 1,136,248,580 89,008,232
1874 1,077,115,610 1,090,499,517 13,383,900
1875 1,096,319,804 1,082,449,403