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du Froissart publié l’an dernier par les soins de Mme de Witt, nous n’avons pas constaté sans plaisir que, tout en rapprochant le vieux texte du français moderne, l’éditeur, M. Lorédan Larchey, s’était acquitté de la tâche avec autant de discrétion que possible, se bornant à moderniser uniquement l’orthographe, ce qui ne laisse pas d’altérer toujours un peu la figure entière des mots, mais enfin ce qui ne désagrège pas, pour ainsi dire, le tissu de la prose originale ni n’enlève au texte authentique, du même coup que sa date, le meilleur de sa personnalité. Parmi les illustrations très abondantes et qui s’offrent presque à chaque page comme le commentaire animé du récit, nous avons particulièrement remarqué, sous la signature de M. Poirson, quelques petits bois d’une facilité de verve et d’une légèreté d’exécution singulière. En leur faveur, — comme en faveur aussi du caractère général de l’illustration, — nous ne tiendrons pas autrement rancune à quelques bois moins heureux et moins bien venus.

Ce même caractère d’illustration, mais ici plus rigoureusement observé, je veux dire sans interposition d’aucun artiste interprétant le texte à sa fantaisie, nous le retrouvons dans le XVIIe Siècle[1], par M. Paul Lacroix. Un premier volume avait paru voilà deux ans. J’ignore l’importance que M. P. Lacroix peut attacher à son texte, dont je ne veux pas médire, mais l’illustration, — très certainement, — domine ici le texte et l’absorbe. L’intérêt principal est dans ces documens figurés qui sont ici plus et mieux que de l’ornement, qui sont la substance même du livre. C’est tantôt la reproduction de pièces absolument uniques, enfermées dans des collections privées, et de la communication desquelles on ne saurait trop remercier la libéralité de leurs possesseurs : tel est le fac-simile de trois pages du célèbre manuscrit de la Guirlande de Julie, communiqué par Mme la duchesse d’Uzès ; tel est encore le fac-simile d’un camaïeu du manuscrit original de l’Adonis de la Fontaine, communiqué par M. Dutuit. Tantôt ce sont des pièces, en quelque sorte plus rares que les pièces uniques, les pièces introuvables, c’est-à-dire que l’on ne sait où aller chercher, qui se découvrent au hasard de l’investigation, un portrait, une gravure, un livre, que sais-je encore ? une pendule, une soupière, tel meuble ou telle tapisserie du temps. Et tout cela joint ensemble, bien distribué, bien classé sous des chapitres distincts, forme un volume ou plutôt un album qu’à peine est-il besoin de lire, et qu’il suffit de feuilleter pour revivre, comme dans l’intimité de sa vie quotidienne, le XVIIe siècle tout entier.

Ne quittons pas les ouvrages où la chromolithographie se mêle

  1. Le XVIIe Siècle. Lettres, sciences et arts, par M. Paul Lacroix, 1 vol.in-4° ; Firmin-Didot.