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ALBERT DÜRER

I. Albert Dürer et ses dessins, par M. Charles Eephrussi ; Paris, 1881, A. Quantin. — II. Albert Dürer, sa vie et ses œuvres, par M. Moriz Thausing, traduit par M. G. Gruyer ; Paris, 1878, Firmin Didot.

Les notices sur Albert Dürer ne sont point rares en France. La première qui fasse autorité est celle que Adam Bartsch a placée en tête du septième volume de son Peintre-Graveur. Depuis lors, et surtout depuis vingt, ans, les commentaires se sont succédé à de courts intervalles ; mais, à part M. Thausing, le savant conservateur de l’Albertine de Vienne, et presque aussi paradoxal que savant, tous les écrivains qui se sont occupés du maître de Nuremberg ont reculé, semble-t-il, devant la tâche que l’analyse complète de son œuvre leur eût imposée. Les uns, comme MM. Em. Galichon, E. Müntz, G. Duplessis, se sont plus particulièrement intéressés au maître-graveur ; d’autres, comme M. Ch. Narrey, se sont arrêtés à certains points de sa biographie. M. Charles Ephrussi, qui nous apporte à son tour le résultat de ses recherches sur Albert Dürer, n’a étudié que ses dessins.

Le sujet, il est vrai, était nouveau, vaste et important. Les dessins d’Albert Dürer, en effet, ne sont pas seulement, comme ceux de beaucoup de peintres, des études préparatoires pour des gravures ou des tableaux : ce sont le plus, souvent des œuvres définitives, traitées avec le même souci de perfection et le même infini scrupule que ses peintures ou ses estampes les plus achevées. Le nombre en est considérable. On l’estimait à trois cents environ. M. Ephrussi l’a porté jusqu’à douze cents, en acceptant seulement ceux qu’aucun doute ne peut effleurer ; et son opinion fera