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donnera de l’ensemble à des parties aujourd’hui trop isolées dans l’enseignement public. »

Venait ensuite un aperçu des matières d’enseignement dans les écoles projetées.

Le conseil des cinq-cents n’adopta pas ce projet. Peut-être eut-il raison. On n’avait déjà porté que trop de lois sur l’instruction publique : celle de Roger Martin n’eût fait qu’y ajouter une complication. Il eût fallu pour l’appliquer, des ressources, en hommes et en argent, dont le directoire était loin de disposer. D’ailleurs cet enseignement supposait lui-même l’organisation des écoles primaires à peu près achevée ; il n’aurait pu rendre de services qu’à cette condition. Mais rien n’empêchait d’établir auprès de chaque école centrale des cours élémentaires, semblables à ceux qui se font aujourd’hui dans nos petits collèges. Les familles auraient trouvé là pour leurs enfans un complément d’instruction primaire qu’elles étaient en l’état obligées de demander aux pensionnats privés. Quant aux études, elles auraient certainement gagné à cette innovation ; leur niveau se serait nécessairement élevé le jour où les professeurs n’auraient plus été forcés de se faire eux-mêmes « instituteurs primaires. » Malheureusement le directoire ne pouvait prendre sur lui d’introduire cette réforme dans l’enseignement ; il lui fallait le concours du corps législatif, qui répugnait fort à modifier la loi du 3 brumaire. Il n’osa pas le saisir de la question ; il n’osa même pas lui demander la création d’une seconde chaire de langues anciennes qui était réclamée de tous côtés, par les professeurs et les jurys d’instruction, par le conseil d’instruction publique, et que les bureaux eux-mêmes appuyaient, témoin ce projet de message qui avait été préparé par eux pour le ministre Letourneux dès le 2 nivôse an VI et qui fut ajourné :


« Citoyens législateurs,

« Le conseil des cinq cents, en passant à l’ordre du jour sur le projet de supprimer une partie des écoles centrales, a rassuré un grand nombre de citoyens. L’expérience a démontré que les écoles centrales telles qu’elles existent aujourd’hui peuvent être très utiles. Mais on ne saurait se dissimuler que l’enseignement des langues anciennes ne peut être que très incomplet dans l’état actuel des écoles centrales. Un seul professeur, obligé de donner en même temps des leçons de latin et de grec, ne peut dans l’espace d’une année conduire les élèves jusqu’à l’intelligence des auteurs les plus difficiles de la première de ces langues. Ces motifs porteront sans doute le corps législatif à ajouter un second professeur de latin