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eût mieux fait de les supprimer ; car, à supposer qu’il fût parvenu à les tirer de leur apathie, il n’aurait jamais triomphé de leur incompétence.


III

Le personnel enseignant. — On sait maintenant comment se recrutait le personnel enseignant des écoles centrales. Il nous reste à examiner quelle était, au point de vue matériel et moral, sa situation.

Matériellement, il était assez bien traité : à Paris, les professeurs des écoles centrales avaient 3,000 francs sans distinction de chaires ; en province, ils étaient assimilés, sous le rapport des émolumens, aux membres des administrations départementales, ce qui leur donnait 3,000 et 2,000 francs, suivant la population de la ville où ils résidaient.

Ce traitement fixe était déjà fort convenable en un temps où la France n’était pas riche.. Le législateur de l’an IV ne l’avait cependant pas jugé suffisant et il y avait ajouté, par une inspiration à la fois très libérale et très judicieuse, un éventuel formé de ce que nous appelons aujourd’hui la rétribution scolaire. Cette rétribution, fixée à 25 francs par tête, était répartie entre les professeurs, indépendamment du nombre d’élèves qui suivaient chaque cours : elle formait une masse commune à tout le personnel enseignant de l’école.

La convention avait donc fait assez largement les choses ; elle avait eu surtout une très heureuse idée en assimilant le traitement des professeurs des écoles centrales à celui des administrateurs de département : rien ne pouvait plus contribuer à relever la condition du corps enseignant. Le directoire se montra plus généreux encore : il accorda le logement aux professeurs. Cette question du logement n’était pas très claire ; la loi du 7 ventôse l’avait tranchée dans un sens favorable aux intérêts du corps enseignant ; mais celle du 3 brumaire an IV avait, omis de la régler, en sorte qu’elle était demeurée controversée. Les administrations départementales étaient fort embarrassées ; le gouvernement lui-même ne savait trop à quelle interprétation s’arrêter. La trace de ces préoccupations se retrouve dans beaucoup de pièces et spécialement dans ce projet, émané du ministre de l’intérieur et présenta par lui au directoire dès le 13 germinal an IV (Arch. nat. F- 17 1440) :

« Le directoire exécutif, sur le rapport du ministre de l’intérieur, considérant que la loi du 7 ventôse an III sur l’établissement des écoles centrales avait accordé le logement aux professeurs et que