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permet de prévoir le jour où il sera possible de ne plus emprunter pour les travaux publics.

Ces aliénations de rentes, ces émissions d’obligations à terme, ces ventes de biens nationaux font entrer dans les caisses du trésor des sommes qui ne peuvent être considérées comme des recettes, puisqu’elles résultent, ou d’emprunts qui entraînent des charges nouvelles, ou d’aliénations qui diminuent le domaine public. Il en est de même des bons du trésor, qui sont l’élément principal de la dette flottante. Il faut, cependant, que toutes ces sommes figurent dans la comptabilité. Aussi, toutes les entrées et toutes les sorties de caisse, à quelque titre que ce soit, font-elles l’objet d’un compte spécial, le mouvement des fonds (movimento dei capitali) dans lequel viennent se résumer toutes les opérations de trésorerie. Il faut se garder de confondre les chiffres de ce compte, qui est une pure affaire d’écritures, avec les résultats réels du budget. C’est une erreur que les personnes qui ne sont pas familières avec les finances sont sujettes à commettre ; et une des difficultés que rencontre le ministre actuel est de (faire comprendre aux membres du parlement que la décroissance des chiffres inscrits en recette au compte du mouvement des fonds est la marque d’un progrès, parce qu’elle indique que l’état a pu faire face à toutes les dépenses qui lui incombent, à l’amortissement de la dette à terme, et à l’exécution des travaux extraordinaires en aliénant une quantité de rentes moins considérable et une moindre portion du domaine public.

Le budget définitif de 1881 a été voté par le parlement italien, au mois de juillet dernier, aux chiffres de 1,434,522,357 francs pour les recettes et de 1,426,711,088 francs pour les dépenses, soit avec un excédent de recettes de 7,810,000 francs. Le ministre des finances avait pris pour bases de ses calculs les recettes réalisées en 1880, mais en maintenant toujours ses évaluations au-dessous de ces résultats, afin de se prémunir contre tout mécompte. Presque toutes les branches du revenu public ont donné des plus-values que les dépenses supplémentaires, votées par les chambres pour les ministères de la guerre et de la marine, ne suffiront pas à absorber. L’excédent des recettes sur les dépenses sera donc plus considérable que le ministre ne l’avait prévu.

Il suffit de décomposer sommairement le budget des recettes pour avoir immédiatement une idée des sacrifices que la nation italienne a été contrainte de s’imposer et sans lesquels il lui eût été impossible de ramener l’ordre dans ses finances. Nous prendrons les chiffres inscrits au budget de 1881, mais en négligeant les sommes inférieures à 1 million. En premier lieu, vient l’impôt foncier, calculé sur la valeur en capital et divisé en deux catégories