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subsiste dans les finances italiennes. En effet, au temps où les dépenses croissaient beaucoup plus rapidement que les ressources, les ministres des finances inscrivaient soigneusement parmi les reliquats actifs les contributions arriérées, les impôts qui ne rentraient pas, sans jamais faire subir de réduction à ce chapitre dont les chiffres grossissaient d’année en année. Présentés comme une ressource effective, ces reliquats actifs servaient à dissimuler l’étendue des déficits. Ce n’était là qu’un trompe-l’œil, qu’on ne pouvait laisser subsister dès que l’on entreprenait de donner une base sérieuse aux finances italiennes. Le ministre actuel a donc entrepris l’apurement de ce compte et il en a fait disparaître un grand nombre de créances reconnues irrécouvrables ; il a pris devant les chambres l’engagement de poursuivre ce travail et de ne laisser subsister au crédit de l’état que les créances dont le recouvrement serait assuré, et déjà il n’a inscrit, de ce chef, dans les deux derniers budgets, que les sommes dont la rentrée pendant le cours de l’exercice était certaine.

Le compte des recettes et des dépenses extraordinaires est l’équivalent de notre ancien compte de liquidation ou de notre budget extraordinaire actuel. Les dépenses ont pour objet la construction de nouvelles lignes de chemin de fer, conformément à un plan d’ensemble voté par le parlement et dont l’exécution a été répartie sur un certain nombre d’exercices, le rachat par paiemens annuels de certaines voies ferrées qu’il a été nécessaire de reprendre au compte de l’état pour en assurer l’exploitation, l’amélioration des voies navigables, l’accroissement du matériel et des approvisionnemens de la guerre, la mise en état de défense de Rome et de quelques points stratégiques, enfin l’accroissement du matériel naval. Toutes ces dépenses ont un caractère transitoire. Celle qui est relative à la construction des voies ferrées est de beaucoup la plus considérable, puisqu’elle figure pour près de 75 pour 100 dans le chiffre total. Il est pourvu aux dépenses de construction des voies ferrées par l’aliénation de rentes perpétuelles dont les arrérages sont inscrits au budget ordinaire, et aux autres dépenses par des ventes de biens nationaux et surtout par l’émission d’obligations à terme qui sont gagées sur les biens ecclésiastiques réunis au domaine public et sont remboursées avec le produit de la vente de ces biens. Le budget extraordinaire de l’Italie a donc sur le nôtre l’avantage de posséder une dotation immobilière d’une importance incontestable et de n’être point exclusivement alimenté par l’emprunt. L’amortissement certain et rapide, de certaines catégories de la dette publique compense, et au-delà, les aliénations de rentes perpétuelles qui ont lieu annuellement pour la construction des chemins de fer, et il