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Banque. Comment croire que des besoins d’argent aient poussé le gouvernement à permettre la libération de l’emprunt avant terme, alors qu’il conserve à la Banque un demi-milliard sans emploi ? Aussitôt a été mis en circulation le bruit que le ministre des finances emploierait fin novembre en reports sur les rentes une partie de cette somme énorme. La foi en cette intervention des capitaux du gouvernement a rencontré peu de prosélytes, et la partie sage de la spéculation a continué à croire que la place resterait en liquidation livrée à elle-même et ne devait compter, pour se soustraire aux périls dont elle est d’ordinaire menacée à cette époque de l’année, que sur ses propres forces.

La situation du marché monétaire ne s’est pas sensiblement modifiée. L’escompte reste à 5 pour 100 à Londres et à Paris ; il s’est effectué pour New-York quelques retraits d’or au moment même où l’éventualité d’un abaissement du taux de l’escompte semblait sur le point de se réaliser. On a redouté aussitôt une reprise en grand du drainage pour les États-Unis ; les journaux financiers anglais se sont montrés fort effrayés et ont démontré dans de longs articles l’impossibilité où se trouverait la Banque d’Angleterre de modifier son taux d’escompte au moins jusqu’à la fin de l’année. Ces craintes ont paru ici quelque peu exagérées ; en tout cas, on n’a pas appris que New-York eût recommencé à demander de l’or en quantités importantes aux marchés européens.

L’action de la Banque de France a perdu 400 francs sur le cours coté il y a quinze jours. La spéculation a vendu, sur le fait de la nomination d’un nouveau gouverneur, sur la probabilité que le taux de l’escompte ne tardera pas à être diminué, et aussi sur les tendances générales du marché. Il ne faut pas oublier que la hausse a provoqué un déclassement sensible des titres de la Banque et que les acheteurs sont obligea chaque mois de payer un report très élevé.

Le Crédit foncier a reculé jusqu’à 1,700 francs. Malgré l’accroissement constant des prêts fonciers et communaux, on sait que le dividende de 1881 ne pourra pas dépasser 50 francs par action, et une hausse nouvelle ne pourrait être tentée que si le projet d’augmentation du capital était mieux accueilli par le ministre des finances et par le conseil d’état qu’il ne l’a été une première fois.

L’Union générale, échappant à toutes les influences défavorables du milieu ambiant, a été l’objet d’une nouvelle hausse, due au succès de l’émission de ses cent mille actions nouvelles et à l’inébranlable fidélité des actionnaires, et de la clientèle de cet établissement. La Banque des pays autrichiens et la Banque des pays hongrois ont donné lieu par contre à de nombreuses réalisations. Il y a sur la première de ces valeurs des engagemens considérables dont l’allégement se poursuit chaque jour et a ramené le titre de 1,250 à 1,150 francs environ.