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de Tacna, on dut s’arrêter. « Nous étions, dit le général Campero, dans son rapport officiel, dépourvus de tous moyens de transports par suite de la négligence, de l’administration. Nous ne pouvions emporter l’eau et les vivres indispensables à la subsistance de l’armée dans un désert où tout faisait défaut. L’artillerie même n’avait pu sortir de Tacna. Il m’était donc démontré que l’armée alliée était condamnée à attendre l’ennemi dans ses positrons, sans pouvoir marcher à sa rencontre. « L’armée dut rentrer dans son camp de Tacna, et Campero se prépara à y recevoir l’attaque des Chiliens.

Le terrain était favorable à la défense. Tacna est entourée de collines arides dont le sol mouvant et sablonneux rend l’ascension. extrêmement difficile et du sommet desquelles on pouvait défier les charges de la cavalerie chilienne, dont les alliés reconnaissaient la supériorité. Le général Campero choisit, pour y établir son camp, un plateau élevé qui dominait la plaine. « Une fois là, dit-il dans son rapport sur la bataille de Tacna, je me sentis en sûreté, bien convaincu que j’occupais un point stratégique de premier ordre, un plateau couvert par un rebord descendant vers la plaine en forme de glacis. Sur l’arrière, la configuration du terrain, était la même. Des deux côtés, nous dominions la plaine. Nos flancs étaient protégés par des replis de terrains qui bornaient le plateau. Notre camp, couvrait Tacna, dont il défendait l’occupation. Le seul inconvénient grave de la position choisie était le manque d’eau et de vivres, mais j’y parais en faisant venir à tout prix de Tacna tout ce qui était nécessaire à l’armée, eau, vivres, charbon, etc., et j’attendis- l’ennemi. »

Il approchait. Le 22 mai, une forte reconnaissance chilienne s’avançait jusqu’à une portée de canon du camp allié. Le colonel Velasquez, chef de l’état-major chilien, la commandait. Il releva avec un soin minutieux les positions du camp et engagea un simulacre de combat pour constater la portée de tir de l’artillerie péruvienne. Il revint, bien convaincu que les alliés resteraient sur la défensive. Le 25, un mouvement en avant amenait l’armée chilienne à deux lieues de Tacna ; ses reconnaissances poussées dans toutes les directions allaient se heurter aux avant-postes péruviens qui se repliaient sur le camp. Le 28 au matin, les colonnes chiliennes se déployaient à la limite extrême du tir relevée par le colonel Velasquez.

Le général Baquedano avait résolu d’attaquer de front. Il comptait sur la supériorité de son artillerie, mais les rebords de sable lui cachaient les lignes et l’artillerie ennemie ; ses obus décrivant une courbe allaient éclater sur l’arrière du camp. — « Encore une once d’or de perdue ». » disait à chaque coup le général bolivien Perez, faisant allusion au prix auquel revenait la charge des obusiers.