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le recueil de poésies intitulé : Carmina italica Sigismundi Pandulfi, dont nous avons parlé plus haut. C’est donc aux autres dépôts d’état des diverses régions de l’Italie qu’il fallait demander désormais les communications adressées aux divers souverains par Sigismond et par Isotta de Rimini, régente en sa place. Nous croyons avoir rempli consciencieusement la tâche que nous nous étions imposée, à Florence, à Milan, à Venise, à Naples, à Pérouse, à Pesaro, à Cesena, à Fano, à Forli et autres dépôts nationaux.

Aucune de ces villes ne contient rien qui soit signé d’Isotta ou qui soit même écrit en son nom. Modène, à cause des relations constantes avec la maison d’Este, offre quelques documens qui ont plus ou moins d’intérêt ; mais les communications adressées à Lionel d’Este ou aux princes de sa maison ont le caractère banal des notifications à l’occasion des naissances ou des morts, des lettres de félicitation ou de condoléance, des recommandations et des missives de présentation, et, sans en excepter aucun, tous ces documens écrits par des secrétaires, ne portent même pas la signature d’Isotta. Au temps où elle n’était encore que sa maîtresse et alors que vivait la seconde femme de Sigismond, Polyxène Sforza, il eût été malséant à elle d’écrire, malgré l’autorité que le seigneur de Rimini lui avait déléguée, et nous ne nous attendions point à trouver sa trace avant 1456 ; mais quand Isotta est devenue sa femme, ses relations avec les cours étrangères se bornent à des rapports d’un caractère absolument banal et ces rapports se font toujours par intermédiaires. Cependant, au moment où nous avions renoncé à trouver ce qui avait été le but de nos investigations, nous nous sommes trouvé inopinément, aux archives de Sienne, que nous avions laissées en dehors de notre cercle de recherches, en présence du document suivant :

« Au magnifique seigneur Sigismond Pandolphe de Malatesta, mon très distingué seigneur.

« Monseigneur, j’ai reçu la lettre par laquelle Votre Seigneurie me jure qu’elle m’aime plus que jamais. J’en suis certaine et je veux le croire ; j’en serais plus sûre encore si vous vouliez mettre fin à cette situation qui m’enrage, et si, puisque vous me jurez que vous désirez cette chose-là plus que moi, alors même que vous ne la voudriez pas encore tout à fait, vous la vouliez accomplir pour l’amour de moi et effectuer enfin le véritable mariage le plus vite que Votre Seigneurie le pourra. (Diate vero spozamento piu presto che vui posette.) Pour ce qui est du passage où Votre Seigneurie m’écrit que je ne devais pas répondre à sa lettre comme une personne toujours sur ses gardes et pleine de jalousie, il m’est revenu positivement que vous m’avez fait une infidélité avec la fille du