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hypothécaire. Bien entendu, d’ailleurs, que l’hypothèque ne serait jamais levée, le remboursement du prêt ne devant jamais être ni effectué ni demandé. De la sorte, l’indivisibilité du patrimoine autrichien était maintenue en principe, la pragmatique respectée, au moins en apparence, et on ne créait pas un précédent fâcheux dont pussent se prévaloir d’autres prétendans à l’héritage.

Pendant que cette proposition était mise en délibération à Vienne, Frédéric, ayant établi ses troupes dans leurs quartiers d’hiver, dut pourtant retourner, dans les premiers jours de février, passer quelques instans à Berlin. Valori l’y attendait, son projet d’alliance en poche, très impatienté de tout retard. On avait même eu grand-peine à l’empêcher d’aller de sa personne relancer le roi dans son camp. Frédéric, qui eût peut-être préféré éviter l’entretien quelques jours de plus, ne manqua pourtant pas d’en profiter pour faire faire un pas en avant à la France, ce qui, avec le délai nécessaire pour recevoir de nouvelles instructions, était encore une manière de gagner du temps.

Aussi, dès que Valori fut admis en sa présence, la surprise de l’envoyé fut-elle grande de ne plus entendre parler de ce rôle de modérateur pacifique qui devait si bien convenir au caractère ecclésiastique du cardinal et de voir traiter, au contraire, le projet défensif qu’il apportait comme un papier sans valeur, plus compromettant qu’utile pour les intérêts prussiens. — « Mais, monsieur, dit Frédéric, après avoir jeté les yeux sur le document, quel avantage tirerai-je de cela ? Je ne vois pas le secours que le roi votre maître me donnera au cas que je sois attaqué par les puissances qui m’environnent et qui, au seul nom de la France, sont prêtes, non-seulement contre elle, mais contre ses alliés. Car, ne vous y trompez pas, la seule chose que l’électeur de Bavière a contre lui dans l’esprit de tous les princes d’Allemagne, ce sont ses liaisons avec la France. Je ne demande pas mieux que de me lier avec le roi votre maître, mais il faut qu’il soit écrit quelle espèce de secours il me donnera. Le roi mettra-t-il l’électeur de Bavière en état de soutenir ses prétentions autrement que par des écritures ? Si les électeurs de Cologne et palatin sont attaqués par le Hanovre, leur donnera-t-on un corps de trente mille hommes pour y résister ? Et quelle diversion le roi veut-il faire ? Favorisera-t-il par ses troupes les desseins de l’Espagne (en Italie) ? Sans toutes ces mesures, bien prises et bien calculées, ne dois-je pas chercher à me tourner d’un autre côté et tâcher de trouver mes avantages ? Le roi veut-il me garantir la possession de la Basse-Silésie, Breslau compris ? »

Et comme Valori, trouvant à peine un moment pour placer un mot au milieu de cette série d’interrogations, faisait pourtant