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que tout accepter. Les assemblées délibérantes scientifiques, peut-être aussi les autres, préfèrent les décisions absolues aux recherches patientes, et, parmi les orateurs, les plus affirmatifs ou les plus sceptiques sont les mieux venus de la galerie. Inutile de rappeler les rapports successifs auxquels le magnétisme animal a donné lieu en France depuis 1784, soit devant la faculté, soit devant l’Académie de médecine, tantôt sous forme de violens réquisitoires, tantôt avec de douteuses réserves. Si les supercheries étaient démasquées par de solides enquêtes, la vérité était dans l’ombre, et, l’ennemi repoussé, le vainqueur n’avait conquis aucun territoire. Plus inutile encore d’esquisser l’histoire du magnétisme animal. Il faut, pour disserter utilement sur ces problèmes obscurs, deux conditions : l’une, de remonter aux sources, et l’autre de répéter les expériences, en éloignant les mensonges d’abord et ensuite le douteux et le superflu.

Braid se défend d’être un magnétiseur dans le sens populaire du mot ; après avoir été convaincu qu’il s’agissait de fantaisies et de billevesées (collusion or delusion), il s’est converti sans réserves. Tout individu magnétisé est, de ce fait, placé dans une condition de sommeil étrange, obéissant à des lois fixes, quant à sa production, à sa durée, etc. Endormi (et qui peut contester la réalité de l’endormissement?) le patient présente des phénomènes divers, tantôt manifestes et permanens, tantôt indécis, transitoires, en rapport, à la façon du rêve, avec des aptitudes nerveuses, souvent insaisissables à cause de leur mobilité et de leur personnalité. Le premier point, le point essentiel, est d’étudier isolément le fait, sommeil ou hypnotisme, quitte ensuite à pousser plus loin les investigations.

Voici dans ses moindres détails la méthode employée par Braid pour provoquer l’hypnotisme; je traduis littéralement : « Prenez un objet brillant (je me sers ordinairement de mon lancetier) entre le pouce, l’index et le médius de la main gauche; tenez-le à une distance d’environ 8 à 15 pouces des yeux, assez au-dessus du front pour produire le plus grand strain possible sur les yeux et les paupières et pour permettre au patient de maintenir le regard fixé sur l’objet.

« Il importe de bien faire comprendre au patient qu’il doit tenir les yeux fixés strictement sur l’objet et l’esprit concentré (riveted) sur l’idée de cet objet.

« Par le fait du consensus des deux yeux, les pupilles se contractent d’abord; peu à peu elles commencent à se dilater, et après que leur dilatation est devenue considérable, elles sont soumises à des mouvemens oscillatoires. Si, à ce moment, l’index et le médius, de la main droite, doucement écartés, sont portés de l’objet vers.