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En ce qui concerne l’Union générale, elle vient de convoquer ses actionnaires pour le 5 novembre prochain, à l’effet de soumettre à leur examen deux propositions dont le seul énoncé suffit à expliquer l’énorme mouvement de hausse qui s’est produit sur les titres de la société depuis le début de 1881. On sait que ces titres ne sont actuellement libérés que de 125 francs. La direction propose de les libérer intégralement en prélevant les fonds nécessaires dans les réserves actuelles de la société et dans les bénéfices réalisés pendant les trois premiers trimestres de l’exercice. Or, on comprendra bien la portée et le caractère d’une telle proposition, si l’on songe que, pour opérer un versement de 375 francs sur 200,000 actions, il faut 75 millions. L’Union générale possédant, d’après le dernier rapport, une réserve de 27 millions, a dû en conséquence gagner environ 50 millions avec un capital effectif de 25 millions doublé d’une réserve de 27 millions, c’est-à-dire 100 pour 100 en nombre rond. À cette proposition de libération du capital actuel en est jointe une autre tendant à la création d’un capital nouveau de 50 millions.

Nous appelions, il y a quinze jours, l’attention sur les actions de la Banque d’escompte et de la Société générale. La Banque d’escompte a progressé de 825 à 855 et la Société générale de 780 à 830. Ajoutons que le Crédit mobilier s’est élevé de 740 à 770, et que plusieurs établissemens de crédit, notamment le Crédit foncier d’Autriche et le Mobilier espagnol, ont été également poussés par la spéculation.

L’attitude des valeurs industrielles n’a pas été moins brillante. Le Suez, dont les recettes accusent une augmentation moyenne de 30,000 francs par jour, a été porté de 1,885 à 2,030, entraînant avec lui les délégations, les parts de fondateur, et les parts civiles. Le Gaz a progressé de près de 100 francs à 1,705 pour les raisons que nous indiquions il y a quinze jours. La hausse a été de 50 francs pour les Voitures, de près de 80 francs pour les Omnibus. Par contre, le Panama a fléchi jusqu’au pair, les actionnaires ayant été quelque peu surpris par un appel de fonds qu’ils ne croyaient pas si proche.

Plus heureux que les rentes françaises, les fonds d’état étrangers suivans : 5 pour 100 italien, 6 pour 100 or et 4 pour 100 or hongrois, k pour 100 or autrichien, ont progressé de 2 pour 100 environ. Les valeurs turques et égyptiennes, par suite des ventes considérables opérées au Stock-Exchange, sont restées lourdes. Mais la situation s’améliore sur les bords du Nil, et les nouvelles relatives aux négociations engagées à Constantinople pour le règlement de la dette ottomane font prévoir une solution favorable.


Le directeur-gérant : C. BULOZ.


Erratum. Page 533, ligne 41, au lieu de « 1813 » lire « 1831, » et page 534, ligne 24, au lieu de : « Il est aujourd’hui… » lire : « M. Nothomb était hier encore le Nestor de la diplomatie européenne. »