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antérieurement ? Lexell répondit qu’en 1767, elle avait passé en conjonction avec Jupiter, qu’elle était alors six cents fois plus rapprochée de cette planète que du soleil, qu’elle avait alors changé sa course antérieure Dour suivre un chemin nouveau, que c’était une comète transformée, faisant sous son nouvel état son premier voyage. Il prédit qu’en 1779, les deux astres se retrouveraient à petite distance et qu’après l’avoir appelée une première fois, Jupiter pourrait bien la renvoyer une seconde et la reconduire hors du système solaire après l’y avoir amenée. En fait, elle disparut, ayant fait deux voyages et manqué les suivans. Aujourd’hui, de pareilles infidélités ne se comptent plus, les comètes de Vico, de Coggia et tant d’autres, qui étaient très près de nous et circulaient dans des orbites resserrées, n’ont point reparu.

Il en est surtout ainsi pour les comètes à longue période, et, en particulier, il en fut ainsi pour celle de 1556, qui passe pour avoir hâté l’abdication de Charles-Quint. C’était une comète remarquable par son éclat, une des plus belles qu’on eût jamais vues et dont les passages antérieurs avaient dû. être remarqués. Suivant le cométographe Pingré, elle se serait déjà montrée 292 années auparavant en 1264; elle avait été vue, même en plein jour, en 975, en 395 et, suivant les annales chinoises, en 104. Tout portait à croire qu’elle reviendrait en 1556 plus 292, ou en 1848. Ce fut une seconde édition de l’histoire de Halley. Comme elle ne paraissait point en 1848, elle fut recalculée par M. Hind, puis par M. Bomme, savant hollandais, qui suivit ses déviations jour par jour avec la plus consciencieuse exactitude, par des méthodes perfectionnées, et qui crut pouvoir en fixer définitivement le retour au mois d’août 1858. On la chercha en vain. Ce qui avait si bien réussi à Clairaut fit défaut à ses successeurs.

En résumé, la cause essentielle du mouvement des comètes est connue, c’est l’attraction; elle permet de prédire et de calculer leur retour. Quelques-unes ont obéi, c’est le petit nombre ; quand on a voulu généraliser la méthode et l’appliquer à toutes, elle s’est trouvée en défaut. Sur 790 comètes cataloguées, mesurées et calculées, il y en a dix, et il n’y en a que dix qui aient été fidèles ; au lieu d’être la règle, c’est l’exception. Les comètes, au lieu d’être stables, sont des systèmes variables et temporaires, soumis à des causes de dissolution qui sont de plusieurs natures et que nous allons chercher.

D’abord, il y a des comètes qui ne doivent point revenir; ce sont celles qui, lancées à grande vitesse, ont été simplement déviées par le soleil et poursuivent leur route sous la forme d’hyperboles plus ou moins ouvertes ou de paraboles, celles-là sont hors de