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UN
POÈTE DU GRAND MONDE

Poet and Peer, by Hamilton Aïdé, 3 vol. ; Hurst and Blackett; London.


XXIV.

Aussitôt après la bénédiction nuptiale, les jeunes époux partirent pour Athelstone ; ils y passèrent l’été. Wilfred se proclamait parfaitement heureux; il jouissait même des difficultés de la situation, mettant sa gloire à les combattre, car il aimait tous les genres de lutte. Quelques voisins vinrent au château, d’autres se tinrent à l’écart; les premiers étaient poussés par différens motifs : respect pour la mémoire du feu lord, amitié pour cet extravagant jeune homme, désir de chasser durant la saison dans les bois d’Athelstone, curiosité de connaître, quitte à la tourner en ridicule, cette pairesse de village; les autres refusaient de sanctionner un précédent aussi pernicieux : en admettant que pareille infraction aux usages sociaux fût tolérée, rien n’empêcherait leurs fils d’épouser des fermières et leurs filles des gardes-chasse !

Lady Athelstone douairière n’avait pas revu Wilfred depuis son mariage auquel, jusqu’au dernier moment, elle avait fait la plus déplorable opposition : — Il s’enfonce dans la paresse et dans l’inutilité, disait-elle à ses intimes. On pouvait s’y attendre du reste. Il n’a pas paru à la chambre des lords une seule fois ; il ne va point à la cour, il évite même les grandes réunions provinciales, les comices agricoles, toutes les solennités où sa présence serait chose convenable. Il n’ose pas même m’inviter, moi, sa propre mère, à Athelstone!