à celles qui ont précédé et suivi Sadowa et dont j’ai fait ici même l’objet d’une étude sous le titre : la Politique française en 1866[1]. Bien que je n’y aie pris aucune part active, j’étais placé cependant de façon à les suivre de près et à signaler chaque jour à mon gouvernement, avec le dégagement d’esprit que laisse un poste d’observation, les calculs secrets de la politique prussienne et la pensée dont elle s’inspirait.
Après la rupture des négociations que notre ambassadeur avait, au lendemain de Sadowa, ouvertes à Nikolsbourg et poursuivies à Berlin, on devait croire que, pleinement édifié sur le bon vouloir et la sincérité de la Prusse, le gouvernement de l’empereur éviterait dorénavant de se compromettre dans de nouveaux pourparlers avec un ministre qui à l’oubli des promesses ajoutait l’oubli des procédés. Tout nous commandait, en effet, aussi bien le soin de notre dignité que le souci de notre sécurité, de renoncer à une politique que M. de Bismarck, après Frédéric II, avait appelée la politique des pourboires. Le temps des illusions était passé ; notre impuissance militaire s’était révélée de la façon la plus douloureuse dès le 3 juillet, lorsque, faute de 80,000 hommes, il nous fallut renoncer à la médiation armée et même à une simple démonstration sur le Rhin, et le 14 août, lorsqu’en face de l’attitude comminatoire de la Prusse, nous dûmes, pour échapper à la guerre, renoncer au Palatinat. D’ailleurs, à notre impuissance militaire s’ajoutait notre isolement diplomatique en Europe. M. de Bismarck s’était entendu à nos dépens avec le cabinet de Pétersbourg ; il avait sous main dénoncé à Londres nos convoitises sur la Belgique ; l’Italie était exaspérée de nous devoir la cession de Venise, et l’Autriche, qui nous considérait comme la cause première de ses malheurs,
- ↑ La Politique française en 1866. (Voir la Revue des 1er et 15 septembre, 1er et 15 octobre, 1er novembre 1878.)