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Chaque année, à propos de la discussion du budget des théâtres, nous voyons se renouveler la même comédie ; des journalistes, trop pressés de se mêler de ce qui ne les regarde pas, compulsant et révisant des comptes dont nécessairement le grimoire échappe à leur compétence, et, d’autre part, des directeurs saisissant aux cheveux l’occasion de leur démontrer qu’ils se trompent, le tout assaisonné et pimenté de mots désagréables à l’adresse d’un chacun et qui servent à divertir le public, toujours et partout amateur des combats de coqs. « Vous majorez vos dépenses, dit celui-ci, pour obtenir de la chambre un appoint de deux cent mille francs à la subvention. » — « Comment s’expliquer, écrit, celui-là, que, vos recettes s’élevant aux mêmes chiffres qu’elles atteignaient sous les administrations précédentes, votre exploitation se solde en bénéfices presque nuls ? » A quoi le directeur mis en cause répond par une lettre bien sentie et bien catégorique qui, d’ordinaire, clôt la touche à l’enquêteur mal avisé. Le moins qu’on puisse reprocher à de pareils débats, c’est d’être oiseux, car on a quelque peine à supposer que les beaux esprits qui se lancent au travers d’une question de ce genre en connaissent le fort et le faible. Qui les a renseignés sur ce sujet dont l’inspecteur des finances aurait seul qualité de nous entretenir ? Que savent-ils de ces matières si délicates ? et, s’ils n’en savent rien et n’en peuvent rien savoir, pourquoi s’y engager ? ne serait-ce pas mieux de se prendre aux choses de leur attribution et de chercher dans la question d’art les causes d’un certain malaisé qui les préoccupe ? Ce que nous voyons, en effet, ce que nous entendons, répond-il à l’idéal qu’on aimerait à se figurer d’une