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nom de « Sables et grès de Fontainebleau » ou de « Sables et grès marins tertiaires supérieurs[1] » est compris entre deux assises de travertins calcaires, le calcaire de Brie au-dessous, le calcaire de Beauce au-dessus. Entre ces deux calcaires, les bancs de sable et de grès ont été profondément ravinés par les cataclysmes qui ont donné au sol parisien son relief actuel ; aussi n’apparaissent-ils guère à découvert et ne constituent-ils généralement que le versant des collines : au bas de ces collines, on est sur le calcaire de Brie ; en haut, on marche ordinairement sur le calcaire de Beauce. On ne foule que rarement le grès ou le saille lui-même sur terrain plat, et cela dans deux cas : d’abord sur les plateaux où manque le calcaire de Beauce, et où par conséquent le grès se montre à nu, sillonné d’ondulations qui gênent les pas du promeneur, creusé de cuvettes qui retiennent l’eau, ou couvert de bruyères ; en second lieu, dans certaines vallées étroites, bordées de chaque côté d’élévations formées de sable et de grès, sur les flancs desquelles le sable, entraîné par les eaux et par son propre poids, a glissé dans la petite vallée, où il forme un sol d’alluvion.

Ces trois terrains, le calcaire de Brie, le grès plus ou moins désagrégé à l’état de sable, et le calcaire de Beauce, ont des caractères très différens. Le calcaire de Brie que toujours accompagnent des marnes, est humide et compact ; le calcaire de Beauce, au contraire, qui repose sur les sables, est essentiellement sec : il constitue le terrain le plus chaud de la forêt et par sa nature minérale, et par la perméabilité du terrain qu’il recouvre.

Pour le terrain de Fontainebleau proprement dit, c’est-à-dire pour cette agglomération, intermédiaire aux deux calcaires, de sables et de grès, il présente de nombreuses variétés. Sur bien des points il est resté un sable pur, même sur de hautes collines où il brille aux rayons du soleil d’un éclat un peu jaunâtre : ce sont là les mers de sable des environs d’Arbonne. Quand on les examine à un kilomètre environ de distance, du sommet d’une autre colline, leur aspect réveille dans l’esprit étonné un souvenir inattendu, celui des montagnes alpines couronnées de neige, dont on ne voit bien le faîte chauve et scintillant que quand on s’est élevé à leur niveau sur une crête voisine : champ stérile d’ailleurs pour le botaniste, si l’on en excepte quelques rochers saillans recouverts de lichens. Sur beaucoup d’autres points, le sable s’est converti, dès les temps géologiques, en un grès plus ou moins solide, parfois dur et comme lustré, sous l’influence des eaux incrustantes qui l’ont pénétré d’un ciment calcaire[2]. De là ces immenses assises que

  1. Par opposition aux sables ce Beauchamp, qui occupent dans le terrain parisienne situation inférieure.
  2. Voyez Stanislas Meunier, Géologie des environs de Paris, p. 325.