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que cet établissement honore, non la France seule, mais l’humanité tout entière, en l’étonnant par le spectacle de sa puissance et le développement de sa force. »

Venait ensuite un développement sur cette idée que « la véritable éducation des peuples est dans leurs institutions plus encore que dans leurs lois, » et sur la nécessité d’ajouter aux trois degrés d’enseignement (écoles primaires, centrales, Institut) un vaste système de récompenses et de fêtes nationales.

À ce rapport était joint le texte du projet de constitution et celui des autres propositions élaborés par la commission des onze, au nombre desquels figurait le projet relatif à l’organisation de l’instruction publique, dont le rapport et la rédaction avaient été spécialement confiés à Daunou et qui fut voté sans discussion le 3 brumaire an IV, la veille même du jour où la convention devait se séparer.

Le décret du 3 brumaire an IV est l’œuvre capitale de la convention en matière d’instruction publique, la synthèse de tous ses travaux et projets antérieurs, son testament scolaire, pourrait-on dire, comme la constitution de l’an III est son testament politique. Rendu à une époque de calme relatif par une assemblée redevenue maîtresse d’elle-même, il constitue le plus sérieux effort que la révolution ait fait pour réparer les ruines accumulées par le vandalisme. Il a d’ailleurs sur tous les décrets antérieurs l’avantage de n’être pas demeuré lettre morte ; appliqué pendant plusieurs années, nous pouvons le juger, non-seulement au point de vue théorique ou sur des présomptions, mais sur des résultats et des faits. C’est pourquoi il mérite une attention particulière et comporte une analyse un peu plus détaillée que les lois dont il vient d’être parlé.

Distinguons cependant : il s’en faut que les six titres dont se compose le décret du 3 brumaire aient la même importance et se rattachent aussi étroitement les uns que les autres au sujet de cette étude. Le titre III notamment, portant établissement de plusieurs écoles spéciales qui ne furent jamais organisées, ne nous offrirait qu’un médiocre intérêt. Les titres V et VI relatifs aux récompenses nationales et aux fêtes trouveront leur place ailleurs. Restent donc seulement les titres I, II et IV qui traitent : les deux premiers, des écoles primaires et centrales ; le troisième, de l’Institut national des sciences et des arts.

Des écoles primaires. — La première question qui s’imposât au législateur de l’an iv était celle du placement des écoles. Devait-il maintenir à cet égard les dispositions consacrées par le décret du 27 brumaire ? devait-il en adopter de nouvelles ? Ce fut cette dernière opinion qui l’emporta dans la commission des onze : « Il sera