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qu’en ayant entendu parler au Chili, il avait demandé à ce sujet des informations à Lima. » Le gouvernement chilien redoublait d’instances, exigeant une réponse catégorique et mettant le Pérou en demeure de se déclarer neutre.

Le 21 mars, le Pérou faisait enfin savoir qu’une déclaration de neutralité était impossible, vu l’existence d’un traité secret d’alliance conclu entre la Bolivie et lui depuis 1873. Le 2 avril suivant, le ministre des affaires étrangères du Chili adressait au plénipotentiaire péruvien la note suivante :


« Santiago, 2 avril 1879.


« Monsieur,

« La déclaration faite par votre gouvernement, ces jours derniers, au ministre chilien à Lima, par laquelle il disait ne pouvoir se déclarer neutre dans notre conflit avec la Bolivie, à cause d’un pacte d’alliance défensive, qui est le même que celui que vous m’ayez lu dans la conférence du 31 mars, a fait comprendre à mon gouvernement qu’il ne pouvait maintenir des relations amicales avec le Pérou.

« En conséquence de la réponse que vous m’avez faite dans-nôtre première conférence du 17 mars, relativement à notre demande sur l’existence dudit traité, que vous croyiez ne pas exister, alléguant comme raison que cette convention n’avait pu être approuvée par le congrès péruvien de 1873, et encore moins par les congrès suivans, pendant lesquels vous faisiez partie de la commission diplomatique, en conséquence de cette réponse, dis-je, mon gouvernement a va que votre gouvernement, en vous cachant ce traité à vous et à nous, s’est mis dans une position irrégulière.

« Mon gouvernement a. été surpris d’apprendre que celui du Pérou projetait et signait ce traité dans le moment même ou. il manifestait au Chili des sentimens de cordiale amitié.

« À cet acte mystérieux, sur lequel on a gardé le silence le plus absolu, le gouvernement du Chili a répondu avec une pleine franchise que ses relations avec le gouvernement du Pérou étaient rompues et qu’il se considérait comme belligérant en vertu de l’autorisation qu’à cet effet et, à la date de ce jour, il avait reçue des hauts pouvoirs de l’état.

« En vous adressant vos passeports, je me fais un devoir de vous assurer que toutes les mesures ont été poses pour vous offrir, ainsi qu’au personnel de votre légation, toutes les facilités et considérations qui vous sont dues.

« Je viens vous réitérer, aurez les sentimens d’une considération