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s’inspirant de nos idées. Il nous serait assez facile d’obtenir par leur entremise une clientèle juive qui viendrait se joindre à notre clientèle catholique de Palestine. L’œuvre d’ailleurs, ayant un caractère tout individuel, n’aurait besoin que d’être encouragée par notre gouvernement. L’Alliance universelle est assez riche pour se passer de secours matériels, il lui faudrait tout au plus le secours moral de notre protection. Mais on doit s’attendre, je le répète, à de vives résistances. Le vieux fonds juif de Jérusalem se laisserait difficilement convertir aux idées modernes. Jérusalem, Tibériade, Safed, sont des centres d’études de casuistique qui dépassent en niaiseries, en sottes minuties, en arguties stérilisantes tout ce que la théologie a jamais inventé de plus mesquin. Le pharisaïsme y fleurit avec ses plus déplorables caractères. Pour vaincre l’opposition qu’on rencontrera de sa part, l’argent ne suffira pas, il sera nécessaire de déployer une énergie et un courage dont par bonheur les membres de l’Alliance universelle ne sont pas dépourvus.

Les Juifs de Palestine, venant de tous les points d’Europe, ne ressemblent pas aux Juifs d’Orient, lesquels sont d’ordinaire fort beaux. Rien, au contraire, n’est phis laid, plus répugnant même que la population juive que l’on rencontre à Jérusalem. Les vieillards et les enfans ont parfois des types remarquables ; les jeunes gens, les hommes dans la force de l’âge et toutes les femmes sont hideux. Ce qui contribue à gâter ces dernières, dont le teint blême et l’aspect scrofuleux produit sous le ciel oriental un triste effet de contraste, c’est l’habitude qu’elles ont prise, je ne sais pourquoi, de se raser la tête dès qu’elles sont mariées, et de remplacer leurs cheveux soit par une perruque, soit par une coiffure composée de rubans et de fleurs du goût le plus risqué. Les hommes ne sont pas moins malheureux dans la manière d’arranger leur chevelure. On sait que la loi défendait de la couper comme les Arabes, qui se rasaient la tête tout autour et ne gardaient de cheveux qu’au sommet. Il fallait laisser les coins de la chevelure et de la barbe, c’est-à-dire les cheveux qui couvrent les tempes et la partie de la barbe qui s’y rattache et qui couvre les joues. La défense du législateur s’expliquait par la nécessité d’imposer au peuple de Jéhovah une marque qui le distinguât des Arabes, lesquels, d’après Hérodote, se rasaient la tête en l’honneur d’une divinité qui ressemblait à Bacchus. Le prophète Jérémie parle plusieurs fois de ces Arabes, qu’il appelle par dérision hommes aux coins coupés. L’épigramme n’est pas bien dure. Quel que fût le motif qui décida jadis les Arabes à couper leurs cheveux et qui les a décidés depuis à perpétuer cette mode si sage, aucune coutume n’est plus conforme à la propreté dans les pays orientaux ; les coins non coupés des Juifs