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remarqué M. de Vogué, produit l’effet d’une petite lunette, de sorte que la tranche indicée se colore du même ton que lui en l’enveloppant d’une pénombre lumineuse. C’est par ce moyen qu’on évite l’éclat un peu trop vif que le soleil d’Orient ne manquerait pas de donner à ces mosaïques de verre si elles étaient exposées directement à son ardeur. Le plafond des bains orientaux est toujours composé d’une série de verres arrondis en forme de lentilles ou de fond de bouteille, et placés à l’extrémité d’un trou profond qui en adoucit les couleurs. C’est le même procédé qui est employé pour les vitraux. Dans leurs temples comme dans leurs édifices civils, les Orientaux ont voulu se garantir contre la violence d’un jour trop cru et ne laisser pénétrer jusqu’à eux qu’une lumière douce, finement teintée, pleine de fraîcheur et de mystère.

Je suis très loin d’avoir énuméré toutes les reliques que contient la mosquée d’Omar, le n’ai parlé ni de deux poils de la barbe de Mahomet enfermés dans un étui qui est enfermé lui-même dans un vase d’argent ; ni de l’étendard du Prophète enroulé autour de sa lance ; ni du drapeau d’Omar déployé aux yeux des fidèles ; ni des selles d’El-Borak en marbre blanc ; ni du puits des âmes où les âmes des musulmans se réunissent toutes les semaines, du dimanche au lundi et du jeudi au vendredi, pour adorer Dieu ; ni de la plaque de jaspe où Mahomet avait fixé des clous d’or destinés à marquer le temps que devait durer le monde ; ni du prétendu bouclier de Hamzet, qui n’est pas autre chose qu’un beau plat byzantin ; ni du simulacre de deux oiseaux qui rappelle un des principaux miracles de Salomon ; ni de la balance du jugement dernier, etc. Il faut se résigner, lorsqu’on parle de Jérusalem, à oublier les trois quarts des choses saintes que l’on rencontre partout, sous peine de remplir plusieurs volumes d’énumérations fastidieuses et d’histoires extravagantes. Quand on a visité la mosquée d’Omar, on se rend à la mosquée d’El-Aksa, située, dit-on, sur l’emplacement de l’église de la Présentation de la Vierge, qu’avait bâtie Justinien. Sans être aussi remarquable que la première, cette seconde mosquée, qui est d’une belle architecture, contient quelques décorations élégantes. On y voit le tombeau des fils d’Aaron, une empreinte du pied de Jésus-Christ, deux colonnes rapprochées à travers lesquelles il faut passer, comme à la mosquée d’Amrou au Caire, si l’on veut aller au paradis, le lieu de prière d’Omar, etc. Tout à côté se trouve une belle salle d’armes des templiers et une chambre inférieure où l’on montre le berceau de Jésus. Ce berceau n’est pas autre chose qu’une niche en pierre du pays, sculptée en forme de coquille à sa partie supérieure et couchée horizontalement sous un dais que supportent quatre colonnettes en marbre blanc. La