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trompée de page. Ce n’est certainement pas à la page 173, où Galiani parle de Pangloss, qu’ils ont voulu nous apprendre que Pangloss est un personnage du roman de Candide, c’est à la page 365, où l’àbbé nous parle de Pococurante, et lorsqu’ils écrivent « poco curante » le nom de ce sénateur de la façon de Voltaire, c’est par mégarde, assurément. Ils citent quelque part (au t. I, p. 503) une lettre à Diderot, où Voltaire aurait dit qu’il fallait que Platon et Molière se fussent joints ensemble pour écrire les Dialogues sur le commerce des blés. J’ai le regret de n’avoir pu retrouver cette lettre ni dans l’édition de Kehl, ni dans l’édition Beuchot. Ils disent encore (au t. II, p. 229) qu’à l’occasion des mêmes Dialogues, Frédéric aurait écrit à l’auteur une lettre des plus élogieuses. J’ai vainement cherché cette lettre dans la grande édition de Berlin. Pourquoi ne pas nous avoir donné, comme il est d’usage, l’indication de l’édition, de la tomaison et de la page ? Mais nous employons à ces critiques plus de mots qu’elles n’ont d’importance. Satis de hoc. La locution est familière à notre abbé. La publication de MM. Lucien Perey et Gaston Maugras n’en demeure pas moins l’une des publications intéressantes qu’on nous eût données, depuis longtemps, sur le XVIIIe siècle.

Essayons donc, d’après eux, et souvent contre eux, de replacer ce bout d’homme dans son vrai cadre, un cadre modeste, et dans les vastes dimensions duquel ne s’évanouisse pas l’exiguïté légendaire de sa taille.


I

Ferdinand Galiani naquit à Chieti, dans l’Abruzze citérieure, le 2 décembre 1728. Comme nous ne connaissons rien de sa première enfance, — heureusement ! — nous supposerons qu’elle dut ressembler à la première enfance de tout le monde. Il fit ses études à Naples, dans le couvent de Saint-Pierre-des-Célestins, et son entrée dans le monde sous les auspices de son oncle » archevêque de Tarente, premier aumônier du roi. Ce lui fut une occasion naturelle de voir et d’entendre tout ce que Naples, vers 1745, comptait d’hommes distingués. Ce serait un beau sujet, dit à ce propos M. Bazzoni, qu’une étude sur la société napolitaine d’alors et sur le mouvement des esprits dans le petit royaume que gouvernait déjà presque souverainement Tanucci. Nous sommes bien de son avis : que ne l’a-t-il donc traité, ce bell’argomento ? Les économistes, surtout, abondaient à Naples en ce temps-là ; — Intieri, le marquis Rinuccini, Genovesi ; — précurseurs incontestables des Quesnay et des Adam Smith. L’un des hommes qui paraîtraient avoir exercé sur Galiani le plus d’influence, directement ou indirectement, et quoique