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comme faiblissans les riparias de Pignan, et le plus souvent, quand un riparia faiblit, on découvre que ce riparia n’en est pas un. Mais n’entrons pas ici dans des détails de variétés, car je veux, tant pour le riparia que pour les autres espèces, laisser l’été de 1881 passer sur les plantations américaines en France, il sera encore temps alors de prendre des résolutions solidement appuyées pour la plantation de 1882. A côté des jacquez de Roquemaure, je tiens à citer un vétéran des riparias : je le trouve resplendissant le long de la véranda de la préfecture du Var, où il date déjà de 1868.

Le département du Var nous offre, à côté des plus beaux jacquez de France chez M. Aurran, les riparias également beaux du Dr Davin, à Pignan. Ces deux vignobles sont à leur quatrième feuille. A côté des admirables terrains de M. Aurran, se trouvent des craies, des marnes, des terres sèches des plus inhospitalières, c’est donc un beau champ d’expérience. Le riparia s’y affirme de manière à permettre les conclusions suivantes : les riparias qui souffrent ne sont pas de vrais riparias ; que là où le riparia souffrira, aucune variété ne vivra ; que les attaques dirigées contre ce cépage le feront étudier, connaître, apprécier et le placeront encore plus haut qu’il ne l’est maintenant. J’ajouterai que, dans les environs de Toulon, il y a des travailleurs sérieux, intelligens, honnêtes, — entre autres le Dr Davin, M. Garzin, — et bien d’autres que je ne puis nommer ici ; on peut les suivre hardiment et être assuré de trouver le succès.

Parlons de la greffe. Touin a décrit toutes les greffes possibles et… impossibles ! L’année dernière, M. Champin s’est joué au milieu d’elles toutes fort agréablement avec l’esprit d’un Français ; Mme Ponsot les a étudiées dans un traité bref, sobre, utile, s’attachant à la soudure parfaite d’un greffon français sur une racine américaine. Après avoir lu et relu son traité, après avoir vu ses pjants greffés et bien soudés, j’aurais voulu écrire au-dessus de la porte des Annereaux[1], ce temple du succès mérité : « Chi va piano, va sano ; chi va sano, va lontano. » Sur une belle bouture de riparia enracinée en pépinière, Mme Ponsot fait greffer sur table un greffon français ; ce greffon irréprochablement uni à la racine, et irréprochablement lié, va passer une année en pépinière, pour compléter cette opération bien faite par une soudure si parfaite qu’elle se verra à peine l’année suivante lors de la mise en place. Avec ce plant, l’affranchissement du greffon n’est presque plus à craindre ; la greffe, déjà soudée, peut être enterrée moins profondément qu’une greffe fraîchement faite et un pareil plant, placé en

  1. Près Libourne.