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l’instruction demande que toutes les facultés de l’homme, physiques, intellectuelles et morales, soient exercées et que les études y correspondent.

Ces prémisses étant admises, les règles à en déduire touchant la répartition de l’enseignement sont bien simples.

La première instruction sera placée dans chaque canton ou plus exactement dans chaque division renfermant une assemblée primaire ; la seconde au district ; la troisième au chef-lieu du département. De même qu’il y a trois degrés dans la hiérarchie administrative, assemblées primaires, assemblées de district et départementales, il y aura trois sortes d’écoles. Et de. même qu’au-dessus de toutes les administrations se trouve placé le corps législatif, il sera créé dans le chef-lieu de l’état, et comme au faîte de l’enseignement, une école plus particulièrement nationale, un institut universel enseignant, destiné par la force même des choses à « exercer sur toutes les autres écoles une sorte d’empire. » Un empire tout d’opinion, aurait pu ajouter Talleyrand, car ce n’est pas à son institut qu’il confie la surveillance et la direction de l’enseignement. Pour cet objet, il propose très judicieusement d’établir à Paris une commission générale, assistée d’un corps d’inspecteurs, dont la mission serait de faire exécuter les lois et de « veiller à toutes les branches de l’instruction publique. »

Ainsi quatre degrés d’enseignement correspondant aux grandes divisions administratives : l’école primaire en bas, au canton, pour les deux sexes ; les écoles de district et de département au milieu pour les études classiques et professionnelles ; l’institut au sommet, mais un institut d’une espèce particulière, une école supérieure assez semblable au lycée de Mirabeau, et, pour mettre en mouvement cette vaste machine, une administration centrale siégeant à Paris : voilà, au résumé, les traits généraux du rapport de Talleyrand. Ajoutez-y la gratuité de l’instruction primaire, la liberté d’enseignement, les fêtes nationales et les représentations théâtrales aux frais de la nation, et vous en aurez fait le tour.

Mais il ne suffit pas d’embrasser dans son ensemble une œuvre aussi considérable ; il y faut pénétrer plus avant pour la bien juger. Il en est un peu du rapport de Talleyrand comme de ces monumens qui de loin vous frappent et vous séduisent par un air de grandeur. La façade en est imposante, les proportions en paraissent harmonieuses et régulières. Approchez cependant, et vous êtes déjà moins saisi ; entrez, c’est une déception. Pris en bloc, le plan de l’évêque d’Autun est sans conteste un beau morceau. Il a fait l’admiration des contemporains et passe encore, non sans raison, pour un modèle digne de figurer parmi les meilleures productions du genre politique. Les