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suspendue à la boutonnière, comme les chevaliers des autres ordres. L’uniforme est commun aux trois classes, quant à la forme et à la couleur, drap blanc avec cuirasses, collet, paremens noirs, plus ou moins orné, selon le grade d’un chacun, comme on le voit dans les modèles. Le premier grade ou la grand’croix ne peut être conféré qu’aux personnages de premier rang, aux princes tant ecclésiastiques que séculiers, aux ministres, ambassadeurs, évêques, généraux d’armée et à tous ceux qui se trouveraient déjà honorés, d’une pareille décoration dans un autre ordre.

Les conditions requises par les statuts principaux pour obtenir la croix du Saint-Sépulcre sont : 1° profession et pratique de la religion catholique jointe à une conduite honorable et irrépréhensible ; 2° noblesse de naissance ou au moins position sociale telle qu’on puisse vivre more nobilium ; 3° importance de mérites personnels acquis par des services rendus à la religion, surtout en terre-sainte.

Tout chevalier, lorsqu’il est admis dans l’ordre, doit verser dans le trésor de cet ordre une offrande exclusivement destinée au maintien du patriarcat, de ses missions et de toutes les œuvres confiées à son administration. Le montant de cette offrande a été fixé par le saint-siège comme il suit : 1,000 francs pour les simples chevaliers, 2,000 pour les commandeurs et 3,000 pour les grand’croix, y compris les frais de chancellerie.

Les devoirs des chevaliers du Saint-Sépulcre sont : 1° vivre en bon chrétien, évitant tout ce qui pourrait être une tache pour le nom de chevalier de Jésus-Christ. De plus, ne cesser de se livrer à la pratique des bonnes œuvres et à l’acquisition de toutes les vertus, afin de se montrer de jour en jour plus digne de l’honneur qu’on lui a fait et faire resplendir davantage en sa personne la dignité de la religieuse milice dont il porte les insignes ; 2° s’appliquer avec zèle et dévoûment au soutien et au développement du christianisme en terre-sainte, particulièrement dans le but de défendre et conserver les droits des catholiques sur les lieux saints.

Les chevaliers font la veillée des armes au saint sépulcre et le patriarche les sacre de sa propre main auprès du tombeau de Jésus. On voit que ce n’est pas seulement sur le parvis du temple que fleurit le commerce pieux ; on le retrouve encore au lieu le plus saint du sanctuaire. La spéculation n’épargne pas même la tombe de celui qui a déclaré que la richesse était le plus grand obstacle au royaume de Dieu et qui est mort, sous les coups des pharisiens, victime de son abnégation et de son désintéressement.


GABRIEL CHARMES.