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entraînés par le désir d’unir l’étude, ou plutôt la copie, de la nature au travail de l’argile.

Il y a toujours eu dans l’école française une part importante faite à ce que l’on nomme, les figures d’étude. La plupart, des morceaux de réception à l’ancienne Académie royale ne sont pas autre choses Mais la règle voulait qu’ils fussent de petite mesure. Travaillée pour être vus sous les yeux et pour faire montre de talent, ils comportaient un mode d’interprétation et des artifices qui n’eussent pu s’appliquer à des ouvrages de plus grande dimension. Alors, on n’y eût point songé, et la raison des choses est toujours la même.

Les figures d’étude, qui constituent en somme un genre assez peu défini au point de vue de l’art, sont devenues très nombreuses depuis quelques années. Beaucoup de jeunes artistes, qui ne sont encore que des élèves, trouvent dans cette sorte de trafaux un moyen de développer leur talent sans répudier l’esprit des exercices scolaires. Seulement ils les agrandissent, et, en agissant avec toute la fraîcheur de leurs sensations sur la seule matière dont ils disposent, sur l’argile, ils arrivent à leur donner un véritable agrément. Ils y réussissent si bien que cette manière de modeler fait fortune et qu’elle influe sur la tenue de la sculpture française. L’importance que le modelage, aimé pour lui-même, a prise parmi nous est un phénomène qu’il faut signaler. Autrefois la terre servait de préparation et d’intermédiaire pour arriver à une exécution d’un caractère déterminé. La complaisance avec laquelle elle prend les formes et l’attrait qu’elle offre à, la manipulation étaient des qualités qui lui étaient reconnues, mais qui n’avaient point encore été dégagées jusqu’à faire d’elle la favorite du sculpteur. Les artistes qui datent de cinquante, ans peuvent se souvenir que, dans leur temps, on cherchait à donner au modelage, suivant sa destination, le caractère d’un travail tantôt tiré de la masse au moyen du ciseau et tantôt destiné à la fonte et même à l’estampage. Maintenant l’horizon du sculpteur est borné aux ressources qu’offre l’argile, Il ne faudrait pas s’en plaindre si l’on voulait faire des terres cuites, ou si le plâtre était une de ces matières dans lesquelles l’œuvre d’art trouve une suprême consécration. Il n’en est rien ; mais on aime à ce que l’œuvre, quelle qu’elle soit, garde ou semble garder l’impression du toucher. L’effort va jusqu’à vouloir donner au marbre, qui ne peut s’y prêter, l’aspect d’une substance qui obéirait sous les doigts. Ces observations nous sont inspirées par, quelques ouvrages remplis de talent, mais qui appartiennent à cette sculpture nouvelle, que, par opposition avec l’ancienne, qui est la taillée, la fondue, la ciselée, on peut appeler la sculpture pétrie.

La Biblis, de M. Suchetet, qui a obtenu l’an passé un si grand succès, a excité l’émulation la plus vive, Il y a, cette année, au