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devait offrir le même genre d’attrait que la peinture, sa voisine. Les dessins ont été disposés en raison de leur valeur pittoresque. Sur la cimaise on a placé les représentations d’édifices faites à l’aquarelle et éveillant dans une certaine mesure l’intérêt qu’aurait une construction dans un paysage ou un tableau d’intérieur. En bas aussi ou au deuxième rang, les élévations géométrales, et font en haut les relevés cotés, les plans et les études de détail. Cela ne nous paraît pas convenablement entendu. Certes nous ne demandons pas que l’on éloigne des yeux les excellentes aquarelles envoyées en grande partie par les pensionnaires de l’école de Rome. Une Chapelle à Assise, par M. Leclerc ; San-Filippo-Neri, par M. Thierry ; le Dôme d’Orvieto, par M. Moyaux ; l’Intérieur de l’église de Monreale, par M. Guadet ; une Perspective des Propylées, dans leur état actuel, par M. Daumet, sont des ouvrages très distingués. Il y a aussi des parties de décoration extrêmement bien exécutées, comme l’autel d’Or-Ban-Michele, par M. Paulin ; le Plafond de l’hôtel Mazarin, par M. Gamut, et des restes de peinture murale du XIVe siècle, reproduits avec une perfection rare, par M. Brune. On en peut dire autant des types d’architecture religieuse, civile et militaire du Japon, envoyés par M. Guérineau ; c’est curieux, bien dessiné et d’une couleur superbe. Mais le prix et le charme de pareils travaux sont de ceux que l’esprit ne peut bien, goûter qu’alors qu’il est entré dans un état d’apaisement et dans un ordre de raison que la peinture actuelle ne tend pas à produire et qu’elle ne réclame pas. Le visiteur n’est pas assez préparé à jouir d’une précision qui désarme son imagination et semble ne Irai rien laisser à ajouter. Il s’en veut sans doute : mais en fait d’aquarelles il préférera toujours à ces dessins mis au net, si brillamment coloriés qu’ils soient, les lavis enlevés en un tour de main, dans lesquels le contour ne s’impose pas, où la forme n’est qu’une allusion à elle-même, qui sont des jeux d’esprit et dans lesquels, quoiqu’ils représentent, il cherche l’agrément d’un bouquet. Voilà ce qu’il demande avant tout. En réalité, il y a des choses également bonnes qui ne doivent pas être rapprochées les unes des autres ni mises sur le même pied. Évidemment les excellens aquarellistes en architecture et en peinture parlent, dans leur art, deux dialectes différais : on ne saurait les comprendre à la fois.

Le public a donc à la fois tort et raison. Pour bien faire, il faudrait qu’en mettant le pied dans l’exposition d’architecture, il fût aussitôt averti qu’il entre dans un monde à part ; et qu’après cela on fît tout au monde pour l’intéresser et même pour l’instruire. Au milieu des salles on voudrait des tables chargées de modèles, de plans, de détails de construction en relief. Des ouvrages