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L'AGRICULTURE ET L'INDUSTRIE
DEVANT
LA LEGISLATION DOUANIERE

II.[1]
GRIEFS ET PROPOSITIONS


I

Les plaintes de l’agriculture, a-t-on dit, sont si peu justifiées ou tellement exagérées qu’il n’en faut point tenir compte, et c’est à tort que les campagnards se laissent dominer par une panique déraisonnable à propos des importations des États-Unis. Ces alarmes, ajoute-t-on, sont dénuées de fondement ; l’écrasement de nos cultures par la concurrence étrangère est une chimère, un fantôme ; qu’on se rassure, il n’y a pas péril en la demeure.

Signalé longtemps d’avance par M. Foucher de Careil et par M. Eugène Tisserand, entre autres, le spectre de l’importation américaine s’est aujourd’hui changé en une réalité.

Sous la restauration et le gouvernement de juillet et jusqu’en 1860, objecte-t-on, c’était la Russie, la Hongrie et l’Algérie qui étaient des épouvantails, et les craintes qu’elles inspiraient se sont évanouies devant l’expérience. Mais tout d’abord on peut remarquer que l’expérience n’a été tentée qu’à partir de 1860, car

  1. Voyez la Revue du 15 mai.