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ont commencé à opérer des remboursemens, et l’état a reçu ainsi du Midi 6,200,000 francs, de l’Orléans, 2,800,000, de l’Est, 400,000 ; soit en tout 9,400,000 francs. Le montant des avances aux compagnies pour 1881 s’est ainsi trouvé réduit à 4,700,000 francs.

Le Nord et le Lyon ont donné l’un 74, l’autre 70 francs de dividende. Dans quelques années, ce dividende se rapprochera probablement de 100 francs. On ne peut admettre, en effet, que le développement des recettes s’arrête tout à coup. Déjà les premiers mois de 1881 permettent de considérer comme acquise l’énorme plus-value obtenue l’année dernière, et quelques compagnies présentent dès maintenant un excédent.

Un cas particulier est celui du Midi ; les dividendes de cette compagnie sont immobilisés à 40 francs à cause de la dette contractée envers l’état, et qui était, fin 1880, de près de 50 millions. Grâce à l’énorme excédent de recettes obtenu pendant le dernier exercice et s’élevant à 14 millions, la compagnie, qui avait dû demander encore 2,600,000 fr. à l’état en 1879, se trouve en mesure, comme nous l’avons vu tout à l’heure, non-seulement de ne plus rien lui demander, mais encore de lui rembourser plus de 6 millions, ce qui ramène la créance de l’état à 43 millions environ. La compagnie pourrait emprunter cette somme pour éteindre tout de suite sa dette, il ne lui en coûterait par an que 2 millions pour l’intérêt et l’amortissement, et si en 1881 les recettes se maintenaient au même niveau qu’en 1880, il resterait à la compagnie 4 millions applicables au dividende, ce qui représente 16 francs par action. Le dividende du Midi passerait de 40 à 56 francs et ainsi se trouverait amplement justifiée la hausse qui vient de porter l’action du Midi au-dessus de 1,200 francs. Mais les recettes seront-elles aussi fortes en 1881 qu’en 1880 ? La progression de l’année dernière a été anormale, un recul peut se produire cette année. A tout prendre, il était d’une sage politique de ne pas escompter sur le résultat d’une seule année l’avenir de la compagnie. De la sorte en a jugé le conseil d’administration, et la combinaison du remboursement à l’état a été ajournée. Il est fort probable qu’elle sera reprise l’année prochaine, si les recettes continuent à être bonnes. Il y a un an, avant la fin d’avril, le Midi avait déjà sur 1879 une plus-value de 6,875,000 francs ; cette année, il n’a rien perdu de cet excédent considérable ; il se présente déjà au contraire avec une légère augmentation de 180,000 francs.

L’épargne et la spéculation ne recherchent pas seulement les titres des chemins français. Les actions des chemins d’Espagne et d’Autriche ont pris également une remarquable avance. Le Nord-Espagne est presque à 600, le Saragosse presque à 500, les autrichiens ont dépassé 700. Là aussi les recettes sont en progression continue ; la plus-value, depuis le 1er janvier, est de 3 millions 1/2 pour la dernière compagnie,