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REVUE LITTERAIRE

Louise de La Vallière et la Jeunesse de Louis XIV, par M. A. Lair, 1 vol. in-8o. Paris, 1881 ; Plon.

Je ne sais trop si dans ce livre, quoique signé de l’un des siens, mais où l’on ne parle d’aucune chanson de geste, — d’aucun Varocher ni d’aucune Erembourc, — l’École des chartes se reconnaîtra. Je le lui souhaite pourtant. Car, je m’empresse de le dire d’abord, elle n’a pas eu ni n’aura souvent la bonne fortune de pouvoir se reconnaître dans un livre d’une érudition plus solide, ou d’une critique plus élégante, ou d’une composition enfin plus habile que le livre de M. Lair sur Louise de la Vallière et la Jeunesse de Louis XIV. Beaucoup de nouveau, rien ou presque rien d’inédit, ce qu’il en faut seulement pour ne pas démériter tout à fait du titre d’ancien élève de l’École des chartes ; mais une connaissance étendue précise, nullement pédantesque avec cela, du sujet et surtout de ses alentours ; mais une adresse peu commune à manier les textes, à confronter les témoignages, à les solliciter doucement pour en tirer tout ce qu’ils contiennent ; mais un goût d’arrangement et de combinaison, un art de construire le récit sans que l’intérêt romanesque en coûte rien à la vérité de l’histoire et sans que la rigueur d’une exacte chronologie y contrarie l’intérêt dramatique, tels sont les mérites, — assez rares, on en conviendra, — du livre de M. Lair. C’est dommage que le style, de place en place, puisse un peu prêtera la critique, ou, pour mieux préciser, c’est dommage qu’il ne nous rende pas toujours les images qu’évoque dans l’esprit le nom lui seul de La Vallière ; Si ce léger reproche était sensible à M. Lair, il connaît son sujet, et pourra se consoler en se ressouvenant que Bossuet, prêchant pour la profession de foi de sœur Louise de là Miséricorde, ne parut pas aussi divin qu’on l’avait espéré : c’est le mot, on se le rappelle peut-être, de la marquise, de Sévigné. N’est-on pas bien excusable, en vérité,