Page:Revue des Deux Mondes - 1881 - tome 45.djvu/414

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

transparent du Sahara. On s’est assez fréquemment préoccupé dans ces derniers temps des moyens de mettre à profit cette source de force naturelle et l’on s’en est beaucoup exagéré la puissance. L’effet mécanique qu’on peut en attendre, en tout pays, peut être exactement mesuré par la hauteur de la tranche d’eau superficielle évaporée annuellement. Cette hauteur, qui est au-dessous de 0m,40 à 0m,50 sous les climats brumeux du nord de la France, atteint 2 mètres sur les bords de la Méditerranée et très probablement 3 à 4 mètres dans le Sahara algérien. L’action calorifique reçue journellement par chaque mètre superficiel du sol ne dépasse pas, dans ce dernier cas, celle qui pourrait être réalisée par la combustion de 3 kilogrammes de houille d’une valeur moyenne de 0 fr. 10. On ne saurait admettre la probabilité de pouvoir jamais donner un emploi mécanique industriellement utile à une force d’une si faible intensité et d’une si grande intermittence. Sous ce rapport, la radiation calorifique se présenterait toujours dans de grandes conditions d’infériorité par rapport au vent, dont l’action est tout aussi générale, beaucoup plus intense, plus facile à recueillir et qui cependant est de moins en moins utilisée comme moteur.

L’emploi de la radiation calorifique ne paraît nettement indiqué que pour servir à un travail de distillation intermittente. Déjà, sous nos climats, on l’utilise pour l’évaporation à l’air libre de grandes masses d’eau à la superficie des marais salans. Le travail réalisé en un an, s’élevant à 15,000 ou 20,000 mètres cubes d’eau évaporée par hectare dans les salines de la Méditerranée, représente une consommation de près de 2,000 tonnes de charbon d’une valeur de plus de 60,000 francs.

On est donc assez naturellement amené à se demander si, avec des appareils qui ne seraient pas trop coûteux, on ne pourrait pas faire un pas de plus, utiliser cette force pour produire en vase clos, mais sur une plus modeste échelle, le travail de distillation nécessaire pour épurer les eaux servant aux usages domestiques des populations du Sahara.

Ramené à ces termes, le problème est parfaitement abordable, et il paraît a priori facile de comprendre qu’on puisse adapter à cet usage tout ou partie des toitures des habitations ou des magasins. En donnant à ces toitures la forme d’un miroir cylindrique à section parabolique ou circulaire, on pourrait concentrer l’action des rayons solaires sur une chaudière longitudinale occupant la ligne des foyers du miroir.

Toute la difficulté pratique devrait consister soit à faire mouvoir le miroir de manière à maintenir son axe dans la direction des rayons solaires, s’il était parabolique et mobile, soit à ne faire mouvoir que la chaudière parallèlement au miroir, s’il