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particulièrement aptes à ce genre de culture : la vallée de l’O.-Souf, parallèle à la direction des chotts, et la vallée ou dépression de l’O.-Rir, qui comprend l’estuaire commun des vallées de l’Igharghar et, de l’O.-Mia, en aval de Touggourt, et la basse vallée de l’O.-Mia en remontant de Touggourt à Ouargla.

La vallée de l’O.-Souf, voisine de la région des grandes dunes sahariennes, est plus particulièrement exposée à l’irruption des sables mouvans. L’eau n’y est pas jaillissante, mais se trouve en nappe continue au-dessous du sol. Quand la profondeur de cette eau est grande, on l’élève au moyen d’appareils de puisage plus ou moins ingénieux ; mais quand elle n’est qu’à une faible distance de la surface, les indigènes recourent à un mode de plantation analogue à celui que nous venons d’indiquer comme essayé par M. Duffourg sur les terrains des Zibans. Les arbres sont plantés dans des trous descendus au contact de la nappe liquide, et parfois, quand son épaisseur est trop considérable, on enlève à la main la couche supérieure avec laquelle on constitue des digues de clôture destinées à arrêter l’envahissement des sables mouvans. Mais ces abris ne tardent pas à devenir insuffisans, et on est obligé de les relever constamment jusqu’au jour où, la tâche devenant trop pénible, on abandonne l’oasis, dont les arbres finissent par être étouffés sous une dune d’autant plus élevée que les sables extérieurs ont été contenus à une plus grande hauteur.

Dans la vallée de l’O.-Rir, depuis le chott Mel-Guir jusqu’à Ouargla, les plantations de palmiers sont arrosées par des sources jaillissantes provenant de puits artésiens forés à une profondeur moyenne d’une soixantaine de mètres.

De tout temps, les indigènes ont connu l’usage de ces puits, et il s’était formé chez eux une corporation de puisatiers spéciaux qui, au prix de grandes fatigues et de grands dangers, parvenaient à les ouvrir et plus difficilement encore à les entretenir par les procédés les plus primitifs. Un des plus grands bienfaits de l’occupation française a été d’introduire dans cette partie du Sahara algérien les méthodes de forage usitées aujourd’hui pour le percement des puits artésiens avec tubage métallique. Un premier sondage, tenté au mois de mars 1856, fit jaillir, à la grande surprise et grande joie des indigènes, une source donnant 4,000 litres par minute, suffisant à l’irrigation de 15,000 palmiers ; et, depuis cette époque, plusieurs ateliers, sous l’habile et persévérante direction de M. Jus, n’ont cessé de fonctionner pour multiplier ces puits artésiens, non-seulement dans l’O.-Rir, mais en diverses autres régions du Sahara et des steppes algériens. Mais c’est surtout dans la dépression de l’O.-Rir que les résultats les plus remarquables ont été obtenus. D’après le dernier rapport officiel de 1878, le nombre de puits