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L’ÉLOQUENCE POLITIQUE
DANS
LE PARLEMENT DE PARIS

II.[1]
LES ORATEURS DE LA FRONDE ET LES PARLEMENTAIRES JANSÉNISTES DU XVIIIe SIECLE.

Dix ans après la fronde, lorsque le parlement vaincu, mais non résigné à sa défaite, remuait sourdement et s’obstinait à contrarier par une opposition plus incommode que dangereuse les entreprises du pouvoir absolu, des instructions émanées de Colbert prescrivirent à un agent que nous ne connaissons pas d’envoyer au ministre un rapport sur l’état des esprits dans la compagnie et des notes secrètes sur chaque magistrat. On voulait en finir avec ce reste d’agitation séditieuse, avec ce levain de 1648 qui fermentait au fond des cœurs sous les dehors d’une soumission forcée ; on avait décidé d’agir sur les consciences par menace ou corruption et d’y éteindre jusqu’au sentiment de l’ancienne liberté. L’œuvre mystérieuse de l’observateur anonyme a passé du cabinet de Colbert aux

  1. Voyez la Revue du Ier mai 1880.