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produits par les variétés d’estivalis, sont réellement bons ; droits de goût et alcooliques, sans les mesurer avec les grands crus européens, on peut les classer dans la consommation ordinaire courante, peut-être même un peu plus haut. — Il est évident que certaines variétés américaines ont assez de qualités pour rester dans la culture européenne, même si le phylloxéra, chose impossible, nous quittait.

Dans l’étude qui a précédé celle-ci, étude superficielle, effleurant toutes les questions sans en approfondir aucune, j’ai esquissé l’histoire des plantations européennes. Il faut revenir sur nos pas pour placer la Californie à son rang viticole et sous son jour actuel, car les morts vont vite, et ses beaux vignobles vont mourir si un grand et intelligent effort ne les sauve.

Ajoutons aux vignobles déjà cités la vina madre, plantée par les jésuites en Californie en 1697 et celle plantée par les franciscains[1] dans la haute Californie, en 1770. Plus heureuses que celles de Winthrop à Boston Harbour (1632), que celles des Hollandais à Hudson (1650), des Français dans l’Illinois (1660), ces deux vignes réussirent au-delà de toute expression ; grâce à elles, la Californie se couvrit de vignes, et rien n’égalait sa prospérité en 1860, époque à laquelle l’acre rapportait en moyenne 1,000 gallons en espèces de bonne qualité, mais de fertilité moyenne : gutedel, riessling, alicantes, muscats, etc.

Le phylloxéra, après avoir sourdement miné les vignobles européens et les cépages indigènes, peu résistans aux États-Unis, attaque en ce moment la Californie. Sa force est décuplée par le nombre, mais il est connu et attendu, et deux citations tirées de feuilles américaines[2] diront mieux que je ne puis le faire comment cette invasion est reçue et combattue. Les conclusions de cette expression réaliste et journalière de la viticulture commerciale sont le plus consolant témoignage que nous, promoteurs confians de la plantation américaine en France, puissions recueillir de la bouche de ce peuple essentiellement pratique. Dans un numéro de septembre 1879[3], je trouve confirmé ce que nous a appris dès 1875 notre compatriote M. Planchon. Le célèbre entomologiste, le professeur Riley écrit : « Que l’échec de la vigne européenne (v. vinifera) plantée ici, l’échec partiel de beaucoup d’hybrides de vinifera, la détérioration de nos espèces les plus délicates de racines soient

  1. A Contribution to the classification of species and varieties, by Mac-Minn, civil engineer, 1860. Both sides of the grape question.
  2. American Grape and Wine Grower.
  3. Ibid.