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ceux qui envoyaient leurs enfans à l’école ; proportionnelle parce qu’elle avait pour base l’étendue de l’enseignement (soit 5 sols par mois pour ceux qui apprenaient seulement à lire et 10 sols quand on y joignait l’écriture). Là, au contraire, la taxe était obligatoire pour tous les paroissiens, mais proportionnelle à leurs facultés, et elle se percevait au moyen d’une redevance en argent ou en nature, imposée sur chaque feu, indépendamment des mois des écoliers. Ailleurs le traitement du maître se composait d’une imposition au marc la livre de la taille royale. C’était le mode le plus généralement recommande par les intendans. Il avait sur le précédent l’avantage de peser plus lourdement sur les habitans aisés que sur les autres.

Dans quelques localités, la rétribution se composait d’une somme d’argent, très variable, et d’une dotation territoriale. M. de Charmasse cite le cas d’un maître qui, outre une indemnité de 90 livres produite par une imposition spéciale, avait encore la jouissance de trois journaux de terre et la faculté de nourrir deux vaches et douze brebis sur le commun.

Souvent aussi les émolumens d’un recteur ne consistaient qu’en redevances. Mme au XVIIIe siècle, ce mode était fort en faveur, principalement auprès des petites communautés. Une l’était guère, en revanche, auprès des intendans. Beaucoup l’interdisaient comme étant la source d’une foule de difficulté., et de litiges et comme contraire aux règles d’une bonne administration. « M. l’intendant n’est pas dans l’usage de permettre de pareilles rétributions, écrit en 1768 le subdélégué Boileau au syndic de la communauté de Pommard. Il serait plus à propos de fixer une somme qui s’imposerait sur tous les habitans. »

Mais, quel que fût le système adopté par les communautés, la partie fixe de la rémunération des recteurs n’en était pas à beaucoup près la plus importante. En général, ils avaient le logement ou recevaient, pour en tenir lieu, une indemnité. De plus, comme sacristains, chantres, bedeaux, sonneurs, horlogers, voire même fossoyeurs, ils étaient payés par la fabrique ou la communauté. L’assistance aux mariages et aux enterremens leur était également comptée, à raison de 15 sols et le dîner pour les mariages et de 20 sols pour les enterremens. Rappelons enfin qu’avant 1789 les classes vaquaient quatre ou cinq mois de l’année dans les petites écoles et que, pendant ce laps de temps, les maîtres avaient toute liberté de se consacrer à tels travaux ou d’exercer tel métier qui pouvaient leur convenir.

Il y avait là, quoi qu’on ait dit, de sérieux avantages. Toutes ces petites rétributions ajoutées les unes aux autres finissaient par faire une somme, et, si l’on tient compte du prix de l’argent, on