Page:Revue des Deux Mondes - 1881 - tome 44.djvu/791

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

S’il pouvait entrer dans les conseils du souverain d’autres personnes que des personnes responsables[1] ;

  1. « Gand, 6 mars 1814.
    « Mon prince,
    « M. le comte de Noailles vous dira combien votre présence est nécessaire ici. Elle l’est au point qu’avant l’arrivée de M. de Noailles, j’étais au moment de vous envoyer un courrier. Je n’entrerai dans aucun détail. Vous saurez par le voyageur toutes nos misères. Je vous dirai seulement, mon prince, que j’ai remis hier une note qu’on m’avait demandée. Dans cette note je propose deux choses : de mettre M. le duc d’Orléans à la tête de l’armée, et vous, mon prince, à la tête d’un ministère solidaire. Le ministère serait choisi par vous entre les hommes éclatans qui présentent un nom à l’Europe et des garanties à toutes les opinions; une douzaine d’articles contiennent les développemens de ce projet. Je sais ce qu’il y a à dire contre la nomination d’un chef principal ou d’un généralissime des armées; mais aux grands maux les grands remèdes, et nous ne sommes plus au temps des demi-partis; nous sauvons une couronne, et cela mérite la peine de bien jouer. Quant à la seconde base du projet, elle est trop naturelle pour n’être pas adoptée. Mais si vous ne vous hâtez d’arriver pour déterminer les choix et commander les mesures, il est à craindre qu’on ne fasse encore quelque chose d’incomplet. Venez donc vite, mon prince, et croyez que je suis avec reconnaissance, dévoûment et respect, de Votre Altesse,
    « Le très humble et très obéissant serviteur,
    « Le vicomte de CHATEAUBRIAND. »
    « J’ai eu l’honneur de vous écrire précédemment que le roi m’avait appelé à son conseil et qu’il m’avait chargé de lui faire des rapports sur l’intérieur. J’aurais d’après cela quelque droit à ce ministère; mais, mon prince, mes prétentions sont subordonnées aux intérêts du roi et de la patrie, ainsi qu’à vos vues et à vos projets. »
    Les princes assistaient aux réunions des ministres.
    Dans une lettre datée du 4 janvier, Jaucourt, rendant compte d’un conseil des ministres au sujet du renvoi de M. de Casaflores, ajoute :
    « On a beaucoup délibéré : Monsieur a ouvert des avis modérés; M. le duc de Berry toujours cheval échappé; M. le duc d’Augoulême judicieux. »