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lui-même aux affaires ? C’est sa place et c’est son droit. S’il ne veut pas être président du conseil avec la chambre d’aujourd’hui, s’il jugé plus utile pour ses intérêts ou pour ses ambitions d’attendre les élections, c’est encore son droit ; mais c’est alors pour lui une question de convenance personnelle, et c’est son devoir de laisser les pouvoirs réguliers libres dans leur sphère. C’est là le régime parlementaire. Tout le reste, pressions, banquets et discours, n’est que prépotence abusive, ostentation vaine, altération imprévoyante ou arrogante des institutions auxquelles la France a demandé et demande encore l’ordre et la paix après la tempête.

Les affaires d’Orient, où la Russie avait cherché une diversion qui ne lui a pas profité pour sa sûreté intérieure, ces affaires finiront-elles par arriver à un dénoûment ? Toutes ces questions qui ont survécu à la guerre, qui sont restées en suspens même après la paix de Berlin, seront-elles résolues sans qu’il y ait de nouveaux conflits ? Rien n’est terminé encore pour la plus grave de ces questions, pour la délimitation turco-hellénique ; une entente paraîtrait cependant être devenue moins impossible depuis quelques jours. On marche lentement, péniblement vers une solution ; on rassemble autant que possible les élémens d’une transaction sur laquelle il n’est pas facile de mettre la main. Les cabinets européens, dont M. de Bismarck s’est chargé de diriger l’action diplomatique, ont fait leurs propositions ; la Turquie de son côté a fait les siennes. Il ne s’agit plus évidemment de la frontière assez arbitrairement tracée par la conférence de Berlin ; c’est un nouveau programme de délimitation qui a été examiné, modifié, remanié, qui a déjà passé par des phases assez nombreuses. Ce qu’il y a de plus clair, c’est qu’on se rapproche, c’est que la Porte a fait visiblement des concessions sérieuses et que l’Europe ne demande pas mieux que de se tirer de cette épineuse affaire. Qu’il y ait encore à discuter pour savoir quelle portion de l’Épire sera cédée par la Porte, à quel point du golfe d’Arta devra aboutir la frontière nouvelle, si la place de Prevesa passera aux Grecs ou si elle restera aux Turcs à la condition d’être démantelée, ce n’est point certes sans importance ; l’essentiel pourtant est qu’on soit allé assez loin pour pouvoir se promettre un résultat qui n’aurait pu être compromis que s’il y avait eu, comme on l’a dit un instant, un certain dissentiment entre le représentant de l’Angleterre, M. Goschen, et l’ambassadeur d’Allemagne, le comte de Haizfeld. Si le dissentiment a existé, il paraît avoir cessé, et l’accord des puissances pesant à la. fois à Constantinople et à Athènes laisse entrevoir la fin de ces conflits par une transaction qui répondra surement à tous les intérêts, si elle ne comble pas toutes les espérances des Grecs.

Tandis que cette question turco-hellénique en est encore à se débattre cependant, voici une autre conséquence de la dernière guerre d’Orient qui, celle-ci, n’a rien d’inquiétant. La principauté de Roumanie