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ÉTUDES SUR LE XVIIIe SIÈCLE

II.[1]
LA COMÉDIE DE MARIVAUX.

I. Théâtre complet de Marivaux, précédé d’une étude sur la vie et les œuvres de l’auteur, par M. Édouard Fournier ; Paris,1878, Laplace et Sanchez. — II. Marivaux et le Marivaudage, suivi d’une comédie et de divers morceaux non recueillis, par M. Jean Fleury ; Paris,1881, Plon. — III. Marivaux moraliste, par M. Émile Gossot ; Paris,1881, Didier.

On dit le marivaudage, et comme le mot, un peu lâche et flottant, s’il enveloppe à la vérité plus d’un sens, s’applique pourtant à de certaines façons de s’exprimer plutôt que de sentir, et surtout de penser, on est parfois tenté de croire que ce que l’on goûte en Marivaux, c’est uniquement, ou d’abord, le rare, l’ingénieux, le curieux artisan de style. Mais l’originalité de Marivaux ne se réduit pas à si peu de chose. Elle est en profondeur et non pas seulement en superficie. Sa façon de s’exprimer vient de sa façon de sentir. Il est singulier dans l’exécution, parce qu’il est neuf dans l’invention. Et bien loin que ce soient les grâces apprêtées et minaudières de la forme qui dissimulent ici la légèreté du fond, au contraire, c’est la solidité du fond qui soutient la précieuse fragilité de la forme. Aussi manquerait-il quelque chose à notre littérature dramatique si la comédie de Marivaux n’existait pas. On se consolerait assez aisément, — et, je crois, sans passer pour barbare, — de n’avoir ni Dancourt

  1. Voyez la Revue du 1er  janvier.