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fort de Casamata, un mois auparavant, se composaient de trente jours de biscuit et d’eau pour soixante hommes. Au 1er  août, le biscuit était en partie avarié, et il y avait à nourrir cent quatre-vingt-dix hommes de la contre-guerilla et cinq cent vingt Mexicains. Il est vrai que, le 1er  août, le premier jour de la lutte, deux cents Mexicains avaient déserté et que onze Français s’étaient fait tuer à leur poste, au fort Iturbide. Le soir, un officier, M. de Lorne, et vingt et un soldats français avaient péri dans une reconnaissance autour du fort. Le troisième jour, il avait encore déserté deux cents Mexicains, et il n’en restait plus, en défalquant les malades, que soixante-dix capables de combattre. La ration de la troupe était réduite à une galette de biscuit. Dès le principe, les ressources du fort en vivres avaient été partagées entre le fort et la caserne de l’Octavo, où il n’y avait aucun approvisionnement, sauf une citerne de bonne eau. Pendant le jour, les communications entre les deux points étaient à peu près impossibles, l’ennemi balayant de son feu l’espace qui les séparait. On communiquait la nuit avec moins de risques. Quoiqu’on eût fait une visite dans les magasins des environs, on n’avait trouvé ni farine, ni maïs, seulement un peu d’eau-de-vie. Il avait fallu songer à tuer et à essayer de saler les cinq ou six chevaux qui restaient dans la caserne. En artillerie, le fort avait une pièce de 24 sans munitions, deux pièces et deux canons-obusiers de 12, dont un hors de service, ces pièces convenablement munies de poudre et de projectiles. À l’Octavo, il y avait une pièce de 12, un obusier de 16 et un canon-obusier de 12, mais on avait renoncé à se servir de ces trois pièces, qui ébranlaient trop fort la caserne. Les munitions étaient si mauvaises que les projectiles ne pouvaient être lancés qu’à très peu de distance. Pour la mousqueterie, on avait des cartouches, à condition de ne pas les prodiguer. Le premier jour, les Français furent sommés de se rendre purement et simplement. On leur promettait la vie sauve. M. Langlois avait refusé. Le troisième jour, les travaux d’approche de l’ennemi cernaient la caserne et le fort ; ses barricades, armées de canon, étaient tout près. Le 10, nouvelle sommation. Une lettre du général Pavon offrait au capitaine Langlois de sortir de ses positions avec les honneurs de la guerre et de partir pour Vera-Cruz sur le petit vapeur mexicain le Vera-Cruz, qui était alors dans la rivière. Nouveau refus du capitaine. C’est ce jour-là qu’arrivèrent les canonnières. L’ennemi coula aussitôt deux bateaux dans la passe. Malgré ces obstacles, le 7, au matin, la Diligente et la Tactique franchirent la barre avec le Mosquito, éteignirent le feu du fort Iturbide et continuèrent leur route. La Diligente et la Tactique étaient beaupré sur poupe et le Mosquito