Page:Revue des Deux Mondes - 1881 - tome 44.djvu/434

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

cent trente et un hommes et deux canons rayés de 4, celle de la Tisiphone, soixante-quatre hommes et un canon rayé de 4, celle de l’Adonis, quarante-trois hommes et un canon rayé de 4, une section du génie colonial de trente sapeurs, ce qui formait comme total des compagnies de débarquement onze officiers, deux cent soixante-huit hommes et quatre canons. Le 24 mars, au matin, l’escadrille entrait dans la rivière d’Alvarado, essuyait sans s’arrêter le feu du Conejo et mouillait à midi devant Tlacotalpam. La garnison s’était contentée de décharger ses armes sur elle en se retirant avec précipitation. La plus grande partie des habitans s’était réfugiée dans l’intérieur. Personne ne voulant communiquer avec nous, le commandant ne put avoir de nouvelles de la colonne expéditionnaire du capitaine Testard. On lui envoya seulement demander l’assurance qu’il ne tirerait pas sur la ville. Le commandant le promit à la condition qu’il ne serait commis aucun acte d’hostilité contre nous. C’était aux habitans à veiller sur les mauvais sujets qui pouvaient les compromettre. Le commandant ajouta qu’à chaque balle il répondrait par un obus.

D’ailleurs le vide se faisait autour de nous. Il n’y avait personne en ville pour prendre en main l’autorité civile. Les gens qui eussent pu le faire étaient partis, et aucun de ceux qui restaient ne voulait accepter, de peur de se compromettre. Il ne se présentait enfin personne pour nous vendre des provisions. Le commandant Cloué, tenant Tlacotalpam sous ses canons, se résolut à ne l’occuper que lorsqu’il aurait des nouvelles certaines de la marche du capitaine Testard. Dès le lendemain, il envoyait la Tactique porter à Alvarado une dépêche pour le maréchal. En allant et revenant, cette canonnière était accueillie au Conejo par un feu plus vif que ne l’avait essuyé l’escadrille. L’ennemi avait eu le temps de se porter en nombre au Conejo, dont il connaissait l’importance. Le même jour, la Diligente et l’Augustine s’acheminaient en remontant la rivière vers Casamoloapam afin d’aller à la rencontre possible de la colonne Testard. Les eaux étaient très basses; la Diligente s’échoua souvent et dut s’arrêtera environ 4 milles de Casamoloapam, à un endroit où la rivière est entièrement fermée par un banc qui va d’une rive à l’autre. Elle était alors à un tournant de la rivière à 2,200 mètres de Casamoloapam, c’est-à-dire à une très bonne distance pour son canon rayé de 30. Elle ne tira pas, car cela eût été sans utilité. Pendant tout son voyage, surtout à partir d’Amatlan, qui est à peu près à mi-chemin de Tlacotalpam à Casamoloapam, la Diligente avait été accompagnée le long des rives par une nombreuse cavalerie faisant de la fantasia, ce qui donnait à penser que le capitaine Testard n’était pas dans les environs. Toutefois aucun de ces cavaliers n’avait tiré, quoique la Diligente et sa