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JACQUES CHARPENTIER
EST-IL L’ASSASSIN DE RAMUS ?

Un écrivain souvent superficiel, Crevier, dans son Histoire de l’Université de Paris, consacre quelques pages à peine au massacre de la Saint-Barthélémy. « Je suis bien charmé, dit-il, de voir que l’Université n’y a pris aucune part, en sorte que tout ce que j’ai à en dire se réduit à la mort de Ramus et à celle de Lambin. »

« Ramus, ajoute Crevier, suivait publiquement le culte et les opinions de la prétendue réforme ; aussi, dans un carnage qui avait pour objet d’exterminer les huguenots, il ne pouvait être épargné ; mais ce fut la haine furieuse de Charpentier qui lui fit l’application cruelle des ordres donnés en général contre les religionnaires. Ramus s’était caché dans une cave, Charpentier l’y découvrit, et il eut la bassesse de commencer par tirer de l’argent de son prisonnier, après quoi il le livra au couteau des assassins qu’il avait à ses gages. »

Dans cet odieux récit, rien n’est vraisemblable et rien n’est vrai. On a accusé Charpentier, collègue de Ramus au Collège Royal, son adversaire et son rival en mainte circonstance, d’avoir excité la populace à briser les portes du collège de Presles, en désignant son ennemi qui l’habitait an poignard des meurtriers. Je ne crois pas l’accusation fondée ; mais la présence de Charpentier sur le théâtre du crime, la retraite de Ramus dans une cave, la rançon exigée et ne sauvant pas la victime, sont de ridicules inventions qui ne valent pas qu’on les discute.

Je n’en veux pas moins chercher, en étudiant les documens connus,