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que les cours royales étaient dans une position différente de celle des anciens parlemens ; qu’elles n’avaient ni le droit de remontrance, ni la faculté des arrêts de règlement, ni les pouvoirs de police ; mais son savoir s’arrêtait là, et il avait grand besoin d’être guidé dans les voies juridiques.

Après avoir résumé ses griefs qu’il nommait les quatre calamités la congrégation, le jésuitisme, l’ultramontanisme et l’envahissement du pouvoir des prêtres, il les qualifie de délit, contre la sûreté de l’état prévus et punis par les anciennes lois. Il se réserve de les dénoncer aux procureurs-généraux, aux premiers présidens et aux magistrats des cours, sauf à prendre préalablement l’avis des jurisconsultes. Enfin il ajoute ce post-scriptum qui exprime toute sa bonne foi :

« Je crois aux intentions pures des personnes que je combat tout ce que je leur demande, c’est qu’elles veuillent croire aux miennes. Si j’obtiens cette justice, je la regarderai presque comme une grâce. Je remercierai alors mes adversaires ; je remercierai aussi celui qui s’est réservé la gloire dans le ciel, mais qui a promis la paix sur la terre aux hommes de bonne volonté. »

Ces derniers mots sont significatifs ; nous n’avons point devant nous un libre-penseur, mais un croyant ; nous nous en apercevrons de plus en plus au fur et à mesure que nous pénétrerons le vrai caractère de cette polémique ; Montlosier était convaincu qu’il agissait dans l’intérêt même de la religion catholique, lui prédisant, si elle ne s’arrêtait pas sur la pente où elle était entraînée, un désaccord de plus en plus complet avec les idées et les sentimens de la France.

Quelle que fût sa droiture, son livre n’en occasionna pas moins un éclatant scandale dans le monde royaliste. La presse religieuse accabla d’outrages le vieux constituant, comme on appelait et alla jusqu’à mettre en doute l’existence de sa raison. Le ministère, irrité, proposa au roi, qui y donna avec difficulté son adhésion, une mesure de colère. On se rappelle que Montlosier était encore attaché au ministère des affaires étrangères. Il touchait en cette qualité une subvention. C’était l’empereur qui, sous cette forme, avait voulu l’indemniser de la confiscation du Courrier de Londres. Cette subvention fut supprimée.

Le 31 mars 1826, le baron de Damas écrivait à Montlosier la lettre suivante :

« Monsieur le comte, il a été jugé à propos de vous dispenser de soin que vous avez pris jusqu’à présent d’adresser au ministère des affaires étrangères vos observations sur les principaux ouvrages politiques et sur ceux d’administration intérieure qui vous étaient envoyés du ministère. Les envois cesseront en conséquence à dater