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houille extraite de la mine, il faut, pour empêcher sa présence d’être dangereuse, le remplacer par un nombre de mètres cubes d’air égal au dixième ou au vingtième des tonnes de houille enlevées. Cette proportion varie avec la mine, qui est plus ou moins grisouteuse.

La ventilation est encore nécessaire à un point de vue différent. On sait que la température d’une mine n’est point soumise aux variations que les saisons déterminent sur le sol et qu’elle croît, quand on s’enfonce, d’environ d’un degré par 30 mètres de profondeur, d’où il suit qu’à 600 mètres, elle a dû augmenter de 20 degrés au-dessus de la moyenne : soit donc en tout une température de 30 degrés, c’est à peu près le maximum de nos étés. Or si l’homme peut le supporter quand l’air est sec, il en souffre cruellement quand il est humide, et il ne peut y travailler qu’au prix de sueurs abondantes. Le courant d’air pris à la surface du soi étant généralement beaucoup plus froid, entretiendra dans la mine une température plus favorable aux travaux.

Pour toutes ces causes, les galeries des mines devront être, à chaque moment, parcourues en totalité et visitées dans leurs plus intimes recoins par un énergique courant d’air ; on l’emprunte à l’atmosphère, on le fait descendre par un puits qui sert à l’extraction, et remonter par un autre, le puits de retour. Il entre pur et frais, il sort vicié et échauffé, entraînant avec lui toutes les matières délétères qu’il balaie et noie dans sa propre masse. La fin de la mine est donc moins saine et plus chaude que le commencement ; elle offre ainsi moins de sécurité. Les deux puits d’entrée et de sortie peuvent être très éloignés, ils peuvent être très voisins, jumeaux, mais toujours séparés, et le courant, d’air est conduit à l’intérieur de manière à faire un long trajet de l’entrée au fond de la mine, et à revenir du fond à la sortie, toujours dirigé de façon à ne laisser aucune partie sans la parcourir et sans l’assainir. Des portes convenablement ouvertes ou closes servent à le guider dans son chemin. Autrefois un portier, le plus souvent un enfant, était chargé de les ouvrir ou de les fermer pour les besoins de l’exploitation ; on le remplace aujourd’hui par des systèmes mécaniques plus économiques et moins distraits. Au lieu de faire visiter par le même courant d’air toutes les parties de la mine l’une après l’autre, ce qui le souille progressivement, on préfère le. diviser en plusieurs branches parcourant chacune un quartier spécial. On y trouve une économie de force et plus de constance dans la composition du gaz ; mais dans les deux cas, il ne faut pas croire qu’il aura dans tout son parcours une vitesse uniforme ; il s’accélère dans les parties étroites, se ralentit dans les évasemens, marche lentement contre les parois, à