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l’autre gravement. On n’avait jamais vu de grisou dans ces parages, et il a été impossible d’en trouver après l’accident. Il n’y avait aucune cavité où il pût s’accumuler. On a reconnu que des dépôts de grains de coke commençaient à 2 mètres au-dessous de l’orifice de la bure. Ils étaient abondans sur les cadres immédiatement au-dessus.

Il serait aisé de multiplier ces exemples.

On a trop accusé le grisou et on a mis à sa charge des malheurs dont il n’était point seul coupable ; si sa présence est nécessaire pour préparer les sinistres, il est toujours aidé par les poussières pour les accomplir. Ce sont elles qui le plus souvent les généralisent et les aggravent. On peut dire que le remède est indiqué par les phénomènes naturels. Après une grande pluie, l’air est débarrassé de ses poussières, après une grande sécheresse il en est rempli. Arroser les mines est donc une des premières nécessités de l’exploitation ; personne n’y manque aujourd’hui.


IV

S’il est facile d’abattre les poussières par un arrosage bien réglé, il est beaucoup moins aisé de se débarrasser du grisou que, dans les conditions ordinaires, la houille abandonne à mesure qu’on la met à jour ; la mine en serait bientôt remplie, si l’on n’avait un procédé pour l’enlever à mesure qu’il est produit. Or on n’a trouvé qu’un seul moyen de le faire, l’aérage continu de la mine.

Cet aérage est également commandé par la nécessité de fournir aux hommes et aux chevaux qui habitent la mine l’oxygène nécessaire à leur respiration, et aux lampes celui qui entretient leur combustion. On évalue à 50 litres le volume d’oxygène que chaque ouvrier consomme en une heure ; il rend en échange 38 litres d’un gaz irrespirable, l’acide carbonique. Cette évaluation n’est qu’approximative, et d’ailleurs la consommation augmente quand l’homme travaille. L’air à l’intérieur des mines est donc toujours plus pauvre en oxygène, plus riche en acide carbonique que dans l’atmosphère ; il contient en outre le grisou, et sa composition anormale nuit à la santé de l’ouvrier. On a constaté, en effet, des anémies fréquentes et des affaiblissemens musculaires qui diminuent la puissance du travail. On estime qu’il ne faut pas laisser la proportion d’oxygène baisser au-dessous de 18 pour 100 ; c’est même une limite excessive. M. Demanet admet qu’il faut fournir 25 mètres cubes par homme et par heure, 14 pour sa respiration, 7 pour sa lampe et 4 pour les miasmes qu’il dégage. Un cheval compte pour trois hommes. Quant au grisou, comme il croît avec la quantité de